Thèse soutenue

Propriétés mécaniques et électriques de couches minces diélectriques : expériences de nanoindentation-électrique et simulations numériques

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Auteur / Autrice : Morgan Rusinowicz
Direction : Muriel Braccini
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Matériaux, mécanique, électrochimie, génie civil
Date : Soutenance le 09/12/2022
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ingénierie - matériaux mécanique énergétique environnement procédés production (Grenoble ; 2008-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Science et ingénierie des matériaux et procédés (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Alain Sylvestre
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Houzé
Rapporteur / Rapporteuse : Thomas Pardoen, Jean-Luc Loubet

Résumé

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Les dispositifs avancés (systèmes microélectroniques, capteurs, générateurs ou accumulateurs d’énergie, cellules photovoltaïques, …) sont des architectures complexes aux petites échelles qui intègrent des empilements toujours plus hétérogènes de couches minces combinant des métaux, des semi-conducteurs et des diélectriques. Chaque matériau a pour rôle d'assurer une ou plusieurs fonctions pendant plusieurs années (transmission de signaux, conversion d'énergie, isolation, …) dont les plus courantes sont basées sur la conduction électrique et les propriétés diélectriques. Cependant, la fiabilité fonctionnelle des dispositifs est largement contrôlée par la résistance mécanique de ces matériaux aux contraintes sévères survenant tant au cours du processus de fabrication que pendant le fonctionnement du produit. Connaître les propriétés mécaniques et électriques locales des matériaux en couches minces, mais également leur potentielle interaction, est donc un enjeu majeur.Dans ce contexte, cette thèse consiste à identifier les comportements mécaniques et électriques de trois systèmes fonctionnels, tous composés de couches minces diélectriques sur des substrats conducteurs. La caractérisation de ces systèmes a été réalisée par des essais de nanoindentation-électrique, couplant des mesures électriques fines à des essais de nanoindentation. Le traitement des expériences, n’étant ni direct ni trivial pour une approche quantitative, a été mené en utilisant des simulations numériques par la méthode des éléments finis afin d'extraire les propriétés des matériaux.Le premier système étudié est une couche de nitrure de silicium sur un alliage d'aluminium (Si3N4/AlSiCu). Son indentation a conduit à la fissuration de Si3N4 ainsi qu’à des instabilités sur les courbes mécaniques. A partir de ces caractéristiques, une méthodologie basée sur la dissipation d’énergie causée par la rupture a été développée, donnant à la fois une procédure d’identification des propriétés d’endommagement de la couche fragile et le scénario de fissuration complet (position des fissures, leur forme, leur longueur, etc.).Le deuxième système est une couche mince de verre organosilicate nanoporeuse sur un substrat de silicium (SiOCH/Si). Son indentation électrique a mené à la déformation plastique de la couche, à sa fissuration et à des fuites électriques. La corrélation entre les défaillances mécaniques et électriques a entièrement été décrite en fonction de plusieurs régimes dont un s’est avéré particulièrement intéressant pour identifier une loi de conduction de la couche de SiOCH sous contrainte. En effet, une chute de conductivité due à la plasticité dans le matériau diélectrique a clairement été mise en évidence. Une extension du modèle de conduction de Poole-Frenkel a alors été proposée pour tenir compte de la déformation plastique, et a été justifiée par un mécanisme physique.Le troisième système est une couche mince d’oxyde de cuivre obtenue à partir de l’oxydation thermique d'un substrat de cuivre recuit (Cu2O/Cu). Le comportement mécanique de l'oxyde, mais également celui du substrat de cuivre, ont été dans un premier temps complètement décrits. En particulier, des effets de taille déjà bien connus dans les métaux cristallins (amorce de la plasticité, gradients de plasticité) ont été observés comme renforcés dans le cuivre par la croissance d'une couche d'oxyde à sa surface. La description fine de la rhéologie de ce système a permis dans un second temps de déterminer ses propriétés électriques.Finalement, ces résultats sont à la fois d’intérêt académique et applicatif. En plus d’accéder à une meilleure compréhension des systèmes fonctionnels étudiés, qui sont au cœur de la microélectronique moderne, ils sont probablement assez génériques pour être transposés à d’autres systèmes similaires.