Le surendettement des particuliers à l'épreuve des droits fondamentaux

The over-indebtedness of individuals to the test of fundamental rights

• Auteur / Autrice : Caitline Kaigl
• Direction : Natalie Fricero
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Droit
• Date : Soutenance le 12/12/2022
• Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit et sciences politiques, économiques et de gestion (Nice, Alpes-Maritimes ; 2008-....)
• Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre d'études et de recherches en droit des procédures (Nice)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CERDP
• Jury : Président / Présidente : Véronique Bourgninaud
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Natalie Fricero, Véronique Bourgninaud, Karl Lafaurie, Guillaume Payan, Yves Strickler, Mathias Latina
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Karl Lafaurie, Guillaume Payan

Mots clés

Mots clés contrôlés

Conseil de l'Europe. Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (1950)

Droits de l'homme

Consommateurs -- Protection -- Droit

Surendettement

Mots clés libres

Surendettement

Particuliers

Droits fondamentaux

Over-Indebtedness

Individuals

Fundamental rights

Résumé

Le droit du surendettement et la notion de droits fondamentaux sont apparus au cours de la décennie 90. Consacré par la loi n° 89-1010 du 31 décembre 1989, le droit du surendettement est applicable depuis le 1er mars 1990. Si les droits fondamentaux ont été consacrés pour beaucoup d'entre eux il y a plusieurs siècles ou plusieurs décennies, l'émergence de cette nouvelle catégorie juridique en droit positif date de la même décennie.Par leur place dans la hiérarchie des normes, les textes législatifs et réglementaires composant le droit du surendettement se trouvent soumis aux droits fondamentaux consacrés par des normes à valeur constitutionnelle et/ou conventionnelle. Cependant, au-delà de cette dépendance normative, les deux matières présentent un point commun : leur rapport à l'humain. En effet, si les droits fondamentaux visent évidemment à protéger des valeurs humaines (on les appelle également les droits de l'homme), le droit du surendettement qui traite les cas d'insolvabilité des particuliers s'applique par hypothèse à une population sensible, fragile, vulnérable, souvent victime d'accidents de la vie.Le traitement des situations de surendettement repose sur un paradoxe. En effet, confiés à des commissions présidées par le préfet, les dossiers de surendettement paraissent alimenter la tendance à la déjudiciarisation. Cependant, les commissions de surendettement sont dotées de pouvoirs très étendus allant jusqu'à l'effacement total des dettes du surendetté, si bien qu'un auteur se propose de les appeler des « commissions juridictionnelles ». D'où la nécessité de vérifier si elles respectent les règles du « procès équitable », d'autant plus que les règles posées par l'article 6 de la Convention sont susceptibles de s'appliquer devant des autorités administratives.L'article 6 § 1 de la Convention européenne des droits de l'homme n'est pas la seule source de droits fondamentaux applicables au régime du surendettement. Le traitement des situations de surendettement soulève aussi de délicates questions de compatibilité et d'articulation avec l'article 8 § 1 de la Convention européenne des droits de l'homme. En effet, si les informations fournies par le débiteur surendetté à la commission de surendettement sont couvertes par le droit au respect de sa vie privée, il paraît nécessaire de redéfinir, au nom du droit au respect de la vie familiale, les droits de son conjoint, partenaire pacsé ou concubin qui, actuellement traité comme un tiers, n'a aucun accès auxdites informations. De même, soumises aux règles du RGPD, les commissions de surendettement semblent respecter les exigences de l'article 8 § 2 de ladite Convention.Cette étude soumet donc le régime du surendettement au contrôle des droits fondamentaux (1ère partie). Cependant, en appliquant des mesures telles que l'effacement des dettes, le régime du surendettement contribue aussi à l'émergence et au développement du « droit au rebond » ou à la « seconde chance », de telle sorte qu'il semble à son tour enrichir les droits fondamentaux (2ème partie), au risque de méconnaître le principe de la force obligatoire des contrats et de porter atteinte au droit de propriété.L'ambition de cette thèse est ainsi non seulement d'enrichir les futures réformes en droit du surendettement par les exigences des droits fondamentaux, mais aussi d'enrichir la catégorie juridique des droits fondamentaux et donner des clés dans le cadre de leur délicate confrontation.

The over-indebtedness law and the notion of fundamental rights appeared in the 1990s. Passed by December 31, 1989 act (# 89-1010), the over-indebtedness law has been enforced since March 1, 1990. If many of the fundamental rights were adopted several centuries ago or several decades ago, the emergence of this new legal category in positive law appeared at the same decade.By their place in the hierarchy of standards, the legislative and regulatory texts making up the over-indebtedness law are subject to the fundamental rights passed by constitutional or conventional standards. However, beyond this normative dependence, the two subjects have one thing in common: their relation to human beings. Indeed, if fundamental rights obviously aim to protect human values (they are also called “human rights”), the over-indebtedness law which deals with cases of insolvency of individuals applies by hypothesis to a sensitive, fragile, vulnerable population, often victim of life accidents.The treatment of over-indebtedness situations is based on a paradox. Indeed, entrusted to commissions chaired by the prefect, over-indebtedness cases seem to enrich the trend towards dejudicialization. However, the over-indebtedness commissions are endowed with very extensive powers going as far as the total cancellation of the debts of the over-indebted ones, so much so that ane author proposes to call them "jurisdictional commissions". Hence the need to check whether they comply with the rules of "fair trial", especially since the rules set out in Article 6 of the Convention are likely to apply before administrative authorities.Article 6 § 1 of the European Convention on Human Rights is not the only source of fundamental rights applicable to the over-indebtedness law. The treatment of over-indebtedness situations also raises delicate questions of compatibility and articulation with Article 8 § 1 of the European Convention on Human Rights. Indeed, if the information provided by the over-indebted debtor to the over-indebtedness commission is covered by the right to “ respect for private life ”, it seems necessary to redefine, in the name of the right to “ respect for family life ”, the rights of his spouse, PACS partner or cohabiting partner who, currently treated as a third party, has no access to these informations. Similarly, subject to the rules of the GDRP, the over-indebtedness commissions seem to comply with the requirements of Article 8 § 2 of the European Convention.Therefore, this study submits the over-indebtedness law to the control of fundamental rights (1st part). However, by applying measures such as the cancellation of debts, the over-indebtedness law also contributes to the emergence and development of the "right for a rebound" or a "second chance", in such a way that it seems to enrich fundamental rights (2nd part), at the risk of disregarding the principle of the binding force of contracts and infringing the right to property.The ambition of this thesis is thus not only to enrich future reforms in the over-indebtedness law with the requirements of fundamental rights, but also to enrich the legal category of fundamental rights and provide keys in the context of their delicate confrontation.