Étude des changements métaboliques comme biomarqueurs prédictifs de la transformation maligne des lésions précancéreuses de la peau
Auteur / Autrice : | Léa Dousset |
Direction : | Hamid Reza Rezvani |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie Cellulaire et Physiopathologie |
Date : | Soutenance le 10/11/2022 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Talence, Gironde ; 1993-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : BordeAux Research In Translational Oncology (2016-2021) |
Jury : | Président / Présidente : Nicole Basset-Seguin |
Examinateurs / Examinatrices : Nicole Basset-Seguin, Kiarash Khosrotehrani, Yves Delneste, Fatima Mechta-Grigoriou | |
Rapporteur / Rapporteuse : Kiarash Khosrotehrani, Yves Delneste |
Mots clés
Résumé
Les carcinomes épidermoïdes cutanés (CEC) sont en constante augmentation du fait des habitudes d’exposition solaire et du vieillissement de la population. Le CEC est un modèle de carcinogenèse en plusieurs étapes : de la lésion précancéreuse, la kératose actinique (KA) au CEC in situ puis infiltrant jusqu’au stade métastatique. Bien que sa prise en charge initiale ne présente pas d’enjeu thérapeutique (exérèse chirurgicale), plus de 4% de ces CEC récidiveront sous la forme de métastases, avec des conséquences dramatiques en termes de morbi-mortalité (mortalité de 1.5%).Notre équipe a récemment découvert que des modifications métaboliques spécifiques précédaient la formation des CEC. Nos données indiquent que : 1) les voies de biosynthèse de la pyrimidine et de la purine sont up-régulées dans les différents stades de la carcinogenèse induite par les UVB et que : 2) l'activation de l’enzyme DHODH (4ème étape dans la synthèse de la pyrimidine) située sur la membrane mitochondriale, est essentielle à la biosynthèse des nucléotides et à la génération d’énergie lors cette respiration mitochondriale. Ce « nœud » métabolique reliant les acides nucléiques à la respiration pourrait constituer une cible d’intérêt stratégique.En conséquence, la première partie de ma thèse a consisté en la caractérisation du profil métabolique des CEC, aux différents stades de la carcinogenèse, puis d’étudier l’effet de l’inhibition de l’enzyme DHODH en fonction des profils métaboliques.Grâce à l’étude translationnelle Mitoskin (étude prospective monocentrique au CHU de Bordeaux) en analysant par la protéomique les différents voies impliquées dans le métabolisme énergétique (glycolyse, phosphorylation oxydative, cycle de Krebs, beta oxydation des acides gras) nous avons classé les patients par leurs score métabolique en 3 sous-groupes avec un score métabolique haut, intermédiaire et faible où toutes les protéines impliquées dans les différentes voies du métabolisme sont abaissées. Nous avons ensuite sélectionné plusieurs lignées CEC en fonction de leur profil métabolique et les avons xénogreffées chez la souris NSG : la croissance tumorale s’est avérée différente en fonction des profils ainsi que le potentiel métastatique. L’administration du Leflunomide (LFN), inhibiteur de l’enzyme, a inhibé la croissance tumorale des lignées « faible » et « intermédiaire » exprimant de façon plus importante l’enzyme. A l’inverse, en surexprimant l’enzyme DHODH dans la lignée cellulaire résistantes au LFN (lignées avec score métabolique haut), nous avons réversé la résistance au traitement et rendu les tumeurs sensibles au LFN.La deuxième partie de mon projet a consisté en la caractérisation des différentes populations immunitaires constituant les CEC agressifs localement avancés en les comparant à une lésion précancéreuse présente sur un même patient, grâce au séquençage de l’ARN en cellule unique (Single Cell RNA Sequencing, ScRNA-Seq) et à la transcriptomique spatiale. Après tri des cellules immunitaires CD45+, j’ai pu identifier 19 clusters immunitaires, dont certains clusters étaient sous-représentés (notamment les lymphocytes B et les cellules plasmacytoïdes) ou apparaissaient lors du passage à la forme tumorale, notamment 2 clusters semblant spécifiques à la forme tumorale : macrophagique et lymphocytaire.En conclusion, mon travail de thèse a exploré les voies du métabolisme des CEC aux différents stades de la carcinogenèse et pu mettre en évidence qu’il existait 3 signatures métaboliques pouvant être utilisé comme biomarqueurs. Cibler DHODH en fonction des différents profils métaboliques semble être une alternative intéressante en cas d’impasse thérapeutique. Enfin, le travail sur la caractérisation des sous-populations immunitaires pourrait ouvrir la voie à de nouvelles cibles thérapeutiques.