Thèse soutenue

Conception d'une méthode de diagnostic fonctionnel des microbiotes du sol en agriculture grâce à la millifluidique de gouttes

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Auteur / Autrice : Arthur Goldstein
Direction : Jean BaudryJérôme Bibette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie Analytique
Date : Soutenance le 24/03/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Chimie physique et chimie analytique de Paris Centre (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Chimie, Biologie, Innovation (Paris) - Laboratoire de colloïdes et matériaux divisés (Paris) - Chimie innovation biologie
établissement opérateur d'inscription : Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris (1882-....)
Jury : Président / Présidente : Fernando Leal-Calderon
Examinateurs / Examinatrices : Jean Baudry, Jérôme Bibette, Fernando Leal-Calderon, Fabrice Martin-Laurent, Laure Vieublé Gonod
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabrice Martin-Laurent

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les microbes des sols sont utiles à l’agriculture : ils aident les plantes à acquérir des nutriments, dégradent les déchets, protègent les plantations contre les pathogènes… Comprendre les interactions entre les microorganismes, les plantes et les autres éléments du sol pourrait permettre de gagner en productivité tout en préservant l’environnement. Dans cet optique, un des enjeux en agronomie est d’être capable de caractériser les communautés microbiennes des sols de manière fonctionnelle ; c’est-à-dire de quantifier les services qu’elles peuvent rendre à l’agriculture et à la société de manière générale. Par exemple, un « bon » microbiote d’un point de vue fonctionnel protégera les plantes des maladies et les aidera à acquérir des nutriments, il dégradera les éventuels polluants néfastes et limitera les efflux de gaz à effet de serre. Pour mener cette caractérisation, l’identification et l’analyse génétique des microbiotes ne suffisent pas ; des outils technologiques manquent.Nous avons choisi de nous occuper de ce problème en exploitant une technologie qui n’avait pas été employée jusqu’ici en agriculture : la millifluidique de gouttes, qui consiste à manipuler des gouttes de quelques centaines de nanolitres, séparées les unes des autres par une phase huileuse. En l’occurrence, nous avons utilisé l’automate de culture microbiologique en gouttes de la startup MilliDrop. Nous avons étudié une fonction : la capacité à solubiliser le phosphate du sol, un nutriment essentiel aux plantes. Nous avons adapté la recette d’un milieu de culture utilisé depuis plus de 70 ans : le milieu Pikovskaya. Il contient des particules de phosphate de calcium et nous avons dû mener un travail de formulation physico-chimique important pour transférer ces particules en gouttes et les y maintenir dispersées. Nous avons par ailleurs ajouté au milieu deux sondes fluorescentes qui nous ont permis de suivre à la fois le pH de nos gouttes et l’activité respiratoire. Ce protocole expérimental prêt, nous l’avons appliqué à une douzaine de sols agricoles.Grâce à la fluorescence de la résazurine, notre sonde d’activité respiratoire, nous avons estimé la concentration en cellules cultivables dans nos échantillons. Nous avons montré que l’on obtenait en tendance le même nombre de microorganismes avec notre méthode en gouttes qu’avec la méthode classique de dénombrement de colonies sur boîtes de Petri.En exploitant un bloc optique conçu pour notre projet, nous avons pu mener des mesures de néphélométrie (scattering) en gouttes et évaluer la capacité de nos microorganismes à faire baisser ce signal, ce que nous interprétons au moins partiellement comme la capacité des microorganismes à solubiliser le phosphate. Grâce à notre sonde pH, nous avons pu montrer que la baisse du signal de scattering était associée à une chute du pH sous 5,8 (qui correspond au pH théorique en-dessous duquel les particules se dissolvent par seul effet de l’acidité) dans environ 90% des gouttes. Il est possible que parmi les 10% des gouttes restantes, on trouve des microorganismes qui sécrètent de grandes quantités de chélatants, ce qui représente un intérêt agricole particulier. On trouve systématiquement plus de microorganismes solubilisateurs en gouttes qu’avec la méthode traditionnelle sur boîte de Petri, sans pour autant avoir de corrélation entre ces deux modes de mesure. Si différentes hypothèses pourraient être testées pour éclaircir ce phénomène, nos résultats remettent en question le test traditionnel sur boîtes.Notre protocole est rapide et simple : nos expériences ont pu être réalisées par une technicienne non spécialisée, le traitement de données est automatisable et une demi-heure de travail suffit à analyser quatre sols (plus avec de prochaines versions de la machine). Les résultats en gouttes sont obtenus sept fois plus vite que ceux sur boîtes de Petri. Cela fait de notre protocole un candidat pour devenir un test fonctionnel utilisé à grande échelle.