Thèse soutenue

Evolution des pratiques et transformations identitaires à l'oeuvre chez les professionnels de santé pratiquant l'éducation thérapeutique du patient

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Auteur / Autrice : Marie-Sophie Cherillat
Direction : Laurent Gerbaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie, Santé
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Pascal (Aubière, Puy-de-Dôme)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Dominique Berger, Virginie Migeot, Elise Verot
Rapporteurs / Rapporteuses : Linda Cambon, Rémi Gagnayre

Résumé

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Introduction Le développement des maladies chroniques demande de repenser la maladie comme réalité sociale et de réorganiser l’ensemble des professionnels de santé (PS) et le système de soins. Ce système, construit autour de la prise en charge de maladies aigües et une prescription de soins curatifs, avec un patient passif, est devenu inadapté. C’est dans ce cadre que s’est développée l’éducation thérapeutique du patient (ETP) visant, à renforcer sa capacité à gérer et vivre sa maladie. L’ETP s’inscrit dans une vision très globale de son empouvoirement. La participation des patients partenaires (PP), encouragée par la Haute Autorité de Santé (HAS) est ainsi critère de qualité de l’ETP. Notre objectif est d’interroger les modalités de changements à l’œuvre chez les PS pratiquant l’ETP, leurs liens avec les PP, d’interroger ces changements avec l’évolution du système de soins et d’en tirer des pistes pour le développement de l’ETP. Matériel et méthode La thèse est appuyée sur plusieurs articles scientifiques portant sur l’évolution des représentations des maladies chroniques par les PS au fur et à mesure de leur implication dans l’ETP, puis l’évolution des indicateurs d’évaluation des programmes d’ETP développant une place accrue aux patients et la participation des PP aux programmes d’ETP comme facteur de succès. Les freins et leviers à la participation des PP, du point de vue des professionnels comme des patients ont été interrogés, tout comme la façon dont les PP évaluaient leurs activités et rôles en ETP et leurs besoins pour ces actions. Résultats Les résultats traduisent une évolution d’ensemble cohérente avec un changement profond parmi les PS intervenant en ETP : les représentations négatives de la maladie chronique s’estompent avec les pratiques d’ETP, les indicateurs d’évaluation évoluent en conséquence et le rôle des PP se renforce. Les freins à cette participation sont liés à l’identité professionnelle, à la représentation de la maladie chronique et au cadre administratif rigide des institutions de santé. Les leviers sont liés au changement de discours des PS et aux structures ressources que sont les Unités Transversales d’Education du Patient. La participation des PP s’accroit via des activités variées, développant l’envie d’agir ensemble, autour de compétences de posture d’animation. Conclusion L’évolution en faveur d’un autre regard sur les maladies chroniques et un lien renforcé avec les patients par les PS pratiquant l’ETP devra être confirmée compte tenu du cadre imposé par le système de santé. Les tensions identitaires à l’œuvre lors des pratiques d’ETP doivent être prises en compte et accompagnées. La part importante des infirmier-e-s dans le champ de l’ETP traduit une recherche d’autonomie et de professionnalisation, se confrontant aux modalités d’organisation institutionnelles, sous leur forme bureaucratique, limitantes. Les perspectives de recherches peuvent être envisagées en termes de formation continue des professionnels de santé. La lourdeur administrative et la culture rigide de nos institutions, ainsi que l’absence de statut pour le patient partenaire, restent des entraves au développement de l’ETP que ne pourrons lever les seules évolutions professionnelles au sein des métiers de la santé.