Carmen & Fausto : naissance d’un opéra onirique au Río de la Plata. Genèse d’une relation opéra-film latino-américaine : dimensions interculturelles sous l’influence de l’opéra français
Auteur / Autrice : | Gabriel Gabriel Rodríguez Silvero |
Direction : | Caroline Fischer, Kirsten von Hagen |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature génerale et comparée |
Date : | Soutenance le 07/12/2021 |
Etablissement(s) : | Pau en cotutelle avec Justus-Liebig-Universität (Giessen, Allemagne). Kunstgeschichtliches Seminar |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences sociales et humanités (Pau, Pyrénées Atlantiques) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Arts / Langages : Transitions et Relations |
Mots clés
Résumé
"Los sueños son la actividad estética más antigua"Jorge Luis Borges L'opéra français du XIXème siècle a influencé le cinéma latino-américain dans la région du Río de la Plata. Le but de ce travail est de donner accès au paysage culturel complexe de cette région en ce qui concerne son opéra et son cinéma. Ainsi, la « relation opéra-film » (« Opern-Film-Beziehung ») en Argentine est ici examinée selon l’esthétique de l'opéra Faust (1859) et de l'opéra Carmen (1875). La détermination d'une « qualité d'opéra » (« Opernhaftigkeit ») d’un film devient donc un aspect important. En mettant l’accent sur les dimensions interculturelles et intermédiales dans la région « ríoplatense », une "relation opéra-film" particulière s’est révélée, c'est-à-dire un opéra onirique ou imaginaire. Pour souligner la particularité de la production argentine par rapport à la fusion entre opéra et cinéma, les réflexions de la philosophe Maria Noël Lapoujade et du philosophe Cornelius Castoriadis sont décisives. Lapoujade est fascinée par la capacité de l'homme à imaginer et le définit comme « Homo Imaginans », tandis que Castoriadis a conçu toute sa philosophie sur la base de « l'imagination radicale », ses thèses permettent d’enrichir l’analyse de films argentins dont le personnage principal rêve ou imagine l'opéra français. Considérant les caractéristiques argentines, déjà déterminées à travers le film argentin La Carmen criolla (1918) et en prenant compte la « Traducción » créative par Jorge Luis Borges, il semblait logique de relever un genre latino-américain avec le néologisme « Imagópera », afin de pouvoir le différencier des noms européens tels que l’« Opernfilm ». Dans les films analysés – Carmen (1943) et El Fausto criollo (1979) –, la création de l'identité s'est déplacée vers l'intérieur du personnage. Ainsi, la question de l'autodéfinition du personnage dans le rêve/cauchemar ou l’imaginaire devient importante, donnant aux films leur singularité (La séquence onirique du film, domine l'état de veille.). Ainsi, l'observation d'une (re)mise en scène dans la tête du personnage, dite « Kopfbühne », est ici significative. Des auteurs comme Todorov et Lapoujade assument un pouvoir d'imagination qui permet de donner un préavis ou un « présage » d’événements réels. Ils suggèrent par la suite que cela s’est passé en amont de la rencontre entre Colomb et les indigènes d'Amérique latine. Il faut alors se rappeler que l’imagination ou « Vorstellungskraft » va effectivement de pair avec la création d'identité, qui s'exprime également dans les films analysés. Car ici aussi, c'est la même « Kraft » qui crée l'identité et l’image de l’autre (« Fremdbild »). On constate que la représentation d'état onirique du personnage, est comparable avec au « troisième espace » (« Dritte Raum ») de Homi K. Bhabha. C'est la raison pour laquelle nous parlons d’un « [T]Raum » (espace onirique). La thèse cherche à mettre précisément en évidence ces états oniriques, en tant que rêve, cauchemar ou imaginaire, où les différentes cultures peuvent se rencontrer. Par conséquent, la thèse veut encourager à prêter plus d'attention aux mondes oniriques, car ils conçoivent un modèle pacifique d'hybridité. L‘« Imagópera » représente ainsi un processus complexe de traduction onirique d'un opéra français, qui permet au public de participer à l'imaginaire ou au « [T]Raum », dans lequel un « Homo Imaginans » émerge. Ensuite une résistance s’exprime malgré les formes hybrides, représentant ainsi un contrepoids sud-américain aux manifestations européennes d’« Opernfilm » et du « film-opéra ».