Déshumanisation et risque de violence radicale : prise en charge psychologique et stratégies d'intervention pour les professionnels institutionnels confrontés aux usagers vulnérables

Dehumanisation and radical violence risk : therapy approach and intervention strategies for practitioners facing vulnerable users

• Auteur / Autrice : Rajaa Belhourania
• Direction : Abdel-Halim Boudoukha
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Psychologie
• Date : Soutenance le 17/12/2021
• Etablissement(s) : Nantes
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Éducation, Cognition, Langages, Interactions, Santé (ECLIS) (Nantes)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire (Nantes ; 2012-...)
• Jury : Président / Présidente : Omar Zanna
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Christine Jeoffrion, Cyrille Bouvet

Mots clés

Mots clés contrôlés

Violence -- Prévention

Radicalisation violente

Déshumanisation

Mots clés libres

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Résumé

La déshumanisation a été identifiée par certains modèles comme une étape précédant le passage à l’acte chez les personnes radicalisées. Partant de là, et en référence à des concepts de la théorie cognitivo-comportementale, le modèle de déshumanisation djihadiste a été élaboré pour comprendre la violence radicale. Dans une première étude de cas relative à une TCC d’une patiente signalée pour radicalisation, la pertinence du modèle a pu être confirmée en termes de désengagement radical pour l’aspect ciblé par le psychologue. Une deuxième étude, qui a consisté à interviewer une centaine travailleurs sociaux et a fait l’objet d’une analyse thématique uniquement, ne permet pas de vérifier l’intérêt du modèle qui semble néanmoins permettre la compréhension des trajectoires individuelles de radicalisation. Une troisième étude a été menée auprès de 5 aumôniers pénitentiaires. L’analyse qualitative des interviews ne permet pas de confirmer la pertinence du modèle pour comprendre l’efficacité de l’argumentation religieuse des aumôniers auprès des détenus radicalisés, mais laisse penser à un intérêt de la relation avec l’aumônier pour la prévention de l’insensibilité émotionnelle impliquée dans le passage à l’acte. Le modèle de déshumanisation djihadiste semble ainsi identifier des leviers pertinents de prise en charge, et présente par conséquent un intérêt en termes de formation pour les professionnels. Ces résultats ouvrent la voie à la validation psychométrique future d’un outil diagnostic destiné à prévenir la violence radicale.

Dehumanisation is considered by some models as pre-violence stage in individual radicalization trajectories. From this starting point, in addition to concepts from cognitive and behavioral approach, the jihadist dehumanisation model has been constructed to understand radical violence. In a first study related to cognitive and behavioral therapy for a radicalized patient, the relevance of the jihadist dehumanisation model has been confirmed in terms of radical disengagement for one aspect targeted by the psychologist during the therapy. In a second study, more than one hundred social workers have been interviewed. The interviews’ thematic analysis does not confirm the relevance of the model in term of radical disengagement, but seems to have an interest in term of understanding individual radicalization trajectory. In a third study, 5 prison chaplains have been interviewed. The qualitative analysis of the transcribed interviews does not confirm the relevance of the model in terms of chaplains’ religious arguments effectiveness. Nevertheless, it suggests that the relationship with the chaplain might prevent emotional numbness involved in violence. The jihadist dehumanisation model seems to identify relevant follow-up levers for practitioners and presents therefore and interest in term of professional training. These findings pave the way for future psychometric validation of a diagnosis scale for countering violent extremism.