Allèle-spécifique knockout par CRISPR/Cas pour traiter la rétinite pigmentaire autosomique dominante causée par la mutation G56R dans NR2E3
Auteur / Autrice : | Michalitsa Diakatou |
Direction : | Vasiliki Kalatzis |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie Santé |
Date : | Soutenance le 21/04/2021 |
Etablissement(s) : | Montpellier |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences Chimiques et Biologiques pour la Santé (Montpellier ; Ecole Doctorale ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des neurosciences de Montpellier |
Jury : | Président / Présidente : John De Vos |
Examinateurs / Examinatrices : Vasiliki Kalatzis, John De Vos, Elfride de Baere, Pascal Escher, Jérôme Roger | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Elfride de Baere, Pascal Escher |
Mots clés
Résumé
La rétinite pigmentaire (RP) est une dystrophie rétinienne héréditaire qui entraîne une perte progressive de la vision. La deuxième mutation la plus courante associée à une RP autosomique dominante (ad) est la mutation G56R dans NR2E3, un facteur de transcription essentiel pour le développement des photorécepteurs. NR2E3 agit en favorisant la différentiation des bâtonnets tout en bloquant l'expression des gènes des cônes. Le variant G56R est exclusivement responsable de tous les cas d’adRP associées à NR2E3. Le développement d’un traitement pour l'adRP associée au gène NR2E3 serait donc applicable à tous les patients. Actuellement, il n'existe pas de traitement pour les adRP liées à NR2E3 ou d’autre gène, mais l'édition génomique est une stratégie prometteuse. Bien que l'approche la plus simple soit la correction de l'allèle mutant, cela représente un défi clinique pour les photorécepteurs, car ils n'utilisent pas la voie de réparation dirigée par homologie. Par conséquent, une approche plus pertinente consisterait à invalider spécifiquement l'allèle mutant dominant afin que l'allèle sauvage puisse fonctionner sans entrave.Pour mon projet de thèse, j'ai reprogrammé des fibroblastes d'un patient G56R en cellules souches pluripotentes induites (iPSC) que j'ai caractérisées. J'ai également développé une stratégie d’édition génomique utilisant le système CRISPR/Cas pour invalider spécifiquement l'allèle mutant G56R de NR2E3. Cela a été réalisé en concevant des gRNA qui couvrent le site de mutation et ne reconnaissent pas l'allèle sauvage (wild type, WT). J'ai réalisé une étude de preuve de concept dans les iPSC G56R démontrant l’invalidation spécifique de l'allèle G56R mutant en l'absence d'événements hors cible. De plus, nous avons validé cette stratégie de knockout dans un système de surexpression exogène. En conséquence, la protéine G56R-CRISPR mutante a été tronquée et mal localisée dans le cytosol, contrairement à la localisation périnucléaire de la protéine WT NR2E3. De façon intéressante, la localisation de la protéine G56R NR2E3 a été préférentiellement dans le noyau par rapport à la localisation périnucléaire prédominante de la protéine WT NR2E3.En outre, je montre pour la première fois que les iPSC G56R, ainsi que G56R-CRISPR, peuvent se différencier en organoïdes rétiniens matures. Ces organoïdes expriment des marqueurs de photorécepteurs de base tels que la rhodopsine, l’arrestine et les opsines de cône et ne montrent pas de signes de dégénérescence des bâtonnets jusqu'à 230 jours. Néanmoins, des données préliminaires suggèrent que les organoïdes G56R présentent des défauts d'expression de GNB1, ARL13 et ABCA4 par rapport aux organoïdes WT. Il est intéressant de noter que ces défauts n'étaient pas présents dans les organoïdes G56R-CRISPR2 testés. Un nombre plus élevé d'organoïdes sera nécessaire pour vérifier ces données.Dans l'ensemble, je démontre que le knockout spécifique de l'allèle G56R par CRISPR/Cas pourrait être une approche cliniquement pertinente pour traiter l'adRP associée au NR2E3.