Thèse soutenue

Phénoménologie de l'être-avec-autrui dans la pensée de Martin Heidegger (1915-1930) : étude lexicographique, topique et critique

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Auteur / Autrice : Toussaint Daman
Direction : Christophe BouriauYves Meessen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 12/11/2021
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Nancy ; 2013-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Archives Henri Poincaré- Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies (Nancy ; Strasbourg ; 2018-....) - Laboratoire d'histoire des sciences et de philosophie-Archives Henri Poincaré (Nancy)
Jury : Président / Présidente : Bernard Andrieu
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Bouriau, Yves Meessen, Carla Canullo, Jean-Yves Lacoste
Rapporteurs / Rapporteuses : Bernard Andrieu, Carla Canullo

Résumé

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La factualité de la coexistence quotidienne, au sens de l’expérience commune qui se trouve de prime abord sous la dominance de la dissimulation et qui est donnée en premier à la phénoménologie comme champ de la recherche de la vérité de l’être, confirme l’hypothèse suivant laquelle l’être-dans-le-monde est la constitution fondamentale de la factualité de l’être-l’un-avec-l’autre. L’être-dans-le-monde-avec-les-autres détermine le sens de l’être du Dasein comme être-avec-autrui (Mitsein) et est la condition de possibilité des modalités impropres de la dissimulation et du découvrement. L’être-avec répond à la question de la constitution ontologique du Dasein : la structure de mon être comprend autrui, en vertu de la constitution même de mon être : être-avec-autrui (Mitsein). Mais il s’agit d’un rapport existential-ontologique qui est, selon la conception heideggérienne de l’être de l’existence humaine, la condition de possibilité du « monde intersubjectif », c’est-à-dire de toute relation intersubjective au sens de la relation empirique du je-tu. Sur le fondement ontologique de l’être-avec (au sens existential-ontologique), l’ensemble des comportements du Dasein (comportements langagiers, temporels, affectifs) se manifeste en corrélation avec l’être-là-avec des autres. C’est en ce sens purement existential-ontologique que l’on pourrait, en relisant le corpus heideggérien et en le prolongeant, parler de co-affection <Mitbefindlichkeit> du Dasein, l’être-avec des autres étant contemporain de l’être-avec de mon Dasein. En clair, le Mit (avec) accompagne tacitement tous les modes d’être de l’étant que nous sommes, y compris la solitude. L’une des conséquences de l’abandon heideggérien de l’intersubjectivité se trouve dans la conception du Mitdasein selon laquelle la coexistence factuelle du Dasein avec autrui structure aussi bien son être-même que ses comportements, au motif que l’être de l’être-là, en tant qu’être-avec, est inséparable de ses modes d’être. Cette connexion ontologique du soi-même à autrui explique, d’une part la possibilité négative de la dissimulation notamment dans le bavardage, et d’autre part la possibilité positive de l’expérience de la vérité, comme par exemple dans l’écoute mutuelle, l’entente mutuelle et la communication. Il n’empêche que la vérité de l’être se caractérise par son insaisissabilité, son abscondité comme l’atteste son mode de monstration : “elle se montre de façon dissimulée”. Ainsi donc, l’expérience de la vérité résiste à l’objectivation et à la volonté humaine de la posséder comme un objet. Cependant, elle ne parvient pas ouvrir la sphère de la coexistence avec autrui au-delà du monde à cause de la limite de la temporalité et de la finitude. D’où la nécessité d’ouvrir l’expérience de la vérité originaire au-delà de la temporalité à une altérité absolue qui revêt le caractère de l’éternité. Le sens de la liberté s’élargirait alors comme un mode d’être qui se manifeste positivement ou négativement dans trois directions : vers l’étant, vers l’être de l’étant et vers l’Amour pur, au sens de la Vérité première, éternelle et incréée, en un mot la Déité.