Analyse morphologique des mots construits sur base de noms de personnalités politiques
Auteur / Autrice : | Mathilde Huguin |
Direction : | Fiammetta Namer, Stéphanie Lignon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage |
Date : | Soutenance le 03/12/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Nancy ; 2013-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Analyse et traitement informatique de la langue française (Nancy) |
Jury : | Président / Présidente : Georgette Dal |
Examinateurs / Examinatrices : Fiammetta Namer, Stéphanie Lignon, Richard Huyghe, Marie-Laurence Knittel, Vincent Balnat, Jean-Louis Vaxelaire | |
Rapporteur / Rapporteuse : Georgette Dal, Richard Huyghe |
Mots clés
Résumé
Cette thèse décrit le comportement morphologique de l'anthroponyme, nom propre référant à un être humain, en tant que base de construction morphologique. Pour ce faire, nous analysons des désanthroponymiques spécifiques : les dérivés morphologiquement construits sur des noms propres de personnalités politiques françaises contemporaines (e.g. François Fillon > fillonophobie).Nous nous appuyons sur un corpus d'environ 6 500 formes construites et travaillons dans une démarche extensive, à partir de données contextualisées (50 000 contextes différents) issues de la Toile. Nous réalisons l'analyse morphologique de chaque désanthroponymique, qui est ensuite enregistrée dans la base de données MoNoPoli (Mots construits sur Noms propres de personnalités Politiques). Par rapport au lexique institutionnalisé standard, les désanthroponymiques de MoNoPoli sont originaux. Ils traduisent le plus souvent les avis de leurs inventeurs vis-à-vis des personnalités politiques. Ces locuteurs créent dans ce but des formes que l'on peut qualifier d'occasionnalismes. L'examen de chaque procédé morphologique permettant d'obtenir un désanthroponymique de MoNoPoli reflète cette originalité, révélant des modes de formation très variés, du plus régulier (e.g. Emmanuel Macron > macronisme) au plus atypique (e.g. Marine Le Pen > marinose).Notre analyse montre que l'anthroponyme ne correspond pas aux définitions des unités manipulées en morphologie, qu'il s'agisse du morphème ou du lexème. En effet, l'anthroponyme réunit un ensemble d'unités lexicales dénommées polyonymes (comportant, a minima, le prénom, le nom de famille et le nom complet) qui partagent une catégorie syntaxique et une composante sémantique bipartite constituée d'un sens dénominatif instructionnel et d'un sens stéréotypique. Comme les unités manipulées en morphologie sont insuffisantes pour rendre compte de l'anthroponyme et de ses dimensions, aucun modèle de la morphologie n'a les propriétés requises pour décrire le lexique qui en dérive. Cela a pour conséquence que les conditions de formation des unités du lexique général ne sont pas (entièrement) applicables au lexique désanthroponymique : la forme d'un dérivé de nom propre de personnalité politique est conditionnée non seulement par des contraintes formelles ou lexicales, mais aussi et surtout par des facteurs discursifs, pragmatiques et référentiels.Notre analyse apporte un éclairage nouveau aux mécanismes en dérivation, à la définition linguistique de l'anthroponyme et vient plus largement questionner les unités et modèles manipulés par la morphologie.