Caractérisation des formes d’agriculture et évaluation de leur résilience aux perturbations
Auteur / Autrice : | Manon Dardonville |
Direction : | Olivier Thérond, Christian Bockstaller |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences agronomiques |
Date : | Soutenance le 08/06/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles (Lorraine ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire agronomie et environnement (Vandoeuvre-lès-Nancy) |
Jury : | Président / Présidente : Marc Deconchat |
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Thérond, Amélie Gaudin, Pytrik Reidsma, Guillaume Martin, Muriel Valantin-Morison | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Amélie Gaudin, Pytrik Reidsma |
Résumé
Pour répondre aux enjeux d’impacts environnementaux de l’agriculture moderne, de nouvelles formes d’agriculture ont émergé : agriculture régénérative, agroforesterie... Elles visent à utiliser les services écosystémiques comme support de la production agricole (SEP) en remplacement des intrants anthropiques. Leur résilience aux changements climatiques et aux fluctuations des marchés économiques, c.-à-d. leur capacité à faire face à ces perturbations, fait l’objet d’intenses débats. Aussi, ma thèse visait à produire des connaissances sur la résilience des formes d’agriculture de grandes cultures et des méthodes opérationnelles pour le conseil agricole. J’ai ainsi d’abord réalisé une synthèse de la littérature traitant de l’évaluation quantitative de la résilience, et des concepts proches de vulnérabilité et de robustesse (V,R,R). Une 1ère publication montre que l’intensification et la diversification de la production ne sont pas systématiquement des facteurs de VRR et qu’il est nécessaire de considérer la diversité fonctionnelle, plus que taxonomique, et d’adapter les pratiques agricoles au pédoclimat et à la disponibilité des ressources locales, pour assurer une VRR à court et long terme. Une 2ème publication décrit la diversité de méthodes et critères d’analyse de la dynamique utilisés et pointe la nécessité de développer des approches multicritère et multi-performances dépassant la seule analyse du rendement. J’ai ensuite développé et appliqué une méthode d’évaluation du niveau de SEP pour caractériser les agroécosystèmes et identifier des formes d’agriculture associées. L’évaluation distingue le niveau potentiel de SEP, réellement fourni, utilisé pour la production et la dynamique à long-terme du capital naturel, qui sous-tend les SEP. Les niveaux potentiel et réel de SEP sont évalués indirectement par des indicateurs de la qualité de la configuration spatiotemporelle de l’agroécosystème et de l’impact des pratiques culturales. Le niveau de SEP utilisé est estimé par la technologie mise en œuvre par l’agriculteur·rice pour évaluer la fourniture réelle de SEP. La dynamique du capital naturel est estimée par des indicateurs de sensibilité à l’érosion, de dynamique du carbone et du phosphore du sol et de la biodiversité. En appliquant cette méthode à un cas d’étude de 34 agroécosystèmes de la région Grand Est représentant une diversité de rotations de culture et de pratiques agricoles, j’ai identifié cinq grandes formes d’agriculture. Enfin, j’ai développé une méthode d’évaluation de la résilience de ces agroécosystèmes et des formes d’agriculture associées. J’ai analysé la dynamique du rendement, de la marge brute et du temps de travail considérant leur niveau moyen, variabilité, tendance et/ou résistance sur huit ans. Je montre que les formes d’agriculture disposant d’un haut niveau de SEP, basées sur la biodiversité et qui augmentent leur capital naturel, présentent une meilleure stabilité du rendement et de la marge brute. En revanche, les systèmes intensifs, mais aussi ceux utilisant le plus les SEP, présentent de plus hauts niveaux et une meilleure résistance des rendements et marges brutes mais nécessitent plus de temps de travail. Aussi, j’émets l’hypothèse que la combinaison d’un haut niveau de SEP et l’optimisation de leur usage permettrait d’éviter l’usage d’intrants tout en permettant d’atteindre de hauts rendements, résistants. Cependant, pour atteindre cet objectif, il faudrait augmenter les niveaux de SEP potentiels et utilisés, encore insuffisants dans les agroécosystèmes étudiés. En résumé, ce travail de thèse a produit des connaissances sur la nature des formes d’agriculture et des facteurs de résilience et des méthodes originales pour évaluer les niveaux de SEP et leur résilience. Ses résultats montrent l’intérêt, dans un objectif de résilience, de développer et mobiliser les SEP et alertent sur l’importance de restaurer le capital naturel, souvent dégradés par des décennies d’agriculture intensive