Thèse soutenue

Promouvoir l'acquisition du vocabulaire en langue seconde : mise en évidence d'un bénéfit précoce del'orthographe sur l'apprentissage des formes écrites et orales des mots en L2 chez des enfants de primaire

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Auteur / Autrice : Florian Salome
Direction : Séverine Casalis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 14/12/2021
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : SCALab Sciences Cognitives & Sciences Affectives
Jury : Président / Présidente : Fabienne Chetail
Examinateurs / Examinatrices : Jessie Ricketts, Eva Commissaire
Rapporteur / Rapporteuse : Fabienne Chetail, Jon Andoni Dunabeitia, Peter De Jong

Résumé

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La contribution de l'orthographe a été rapportée pour l'apprentissage de mots de faible fréquence en langue maternelle (L1 ; Rosenthal & Ehri, 2008) et de pseudomots (Ricketts, Bishop, & Nation, 2009) en utilisant un paradigme d'apprentissage par paires associées (PAL). Ces études ne peuvent rendre compte de l'apprentissage de mots en langue seconde (L2), pour lequel les formes orales et écrites en L2 doivent être reliées à un concept préexistant, lui-même relié à une représentation phonologique et (parfois) orthographique en L1. En outre, l’apprentissage d’une L2 confronte les enfants à d’autres défis, notamment aux incongruences entre les lettres et les sons, en raison d’un chevauchement plus important entre les langues à l’écrit par rapport à l’oral (Marian et al., 2012). De ce fait, cette thèse a exploré le bénéfice de l'orthographe sur l'acquisition de mots en L2 chez l’enfant et si cet avantage était modulé par les compétences en lecture. Le rôle modérateur des incongruences lettres/sons sur l’apprentissage de la L2 a également été investigué. À l'aide du PAL, nous avons mené trois études d’apprentissage du vocabulaire en L2 en contrastant deux méthodes d'apprentissage, à savoir la présentation simultanée de formes orales et écrites (méthode orthographique) et les formes orales uniquement (méthode non orthographique). En ce qui concerne la phase d'apprentissage, nous avons exposé deux groupes d'enfants (CE2 vs. CM2) à 16 (étude 1a) ou 24 mots allemands (étude 1b, étude 2). Les performances d'apprentissage étaient évaluées à l'aide de trois épreuves : une tâche de reconnaissance d'images en choix forcé (choisir l'image correcte associée à la forme orale), une de reconnaissance orale en go/no-go (discriminer entre les mots allemands et les distracteurs phonologiquement proches) et une de jugement orthographique (choisir la forme correcte du mot écrit parmi trois distracteurs). L’avantage orthographique a été montré pour les trois tâches chez les enfants, suggérant qu’ils s’appuyaient sur l’orthographe dès les premières étapes de l'apprentissage de la L2. Cependant, des résultats contradictoires ont été rapportés pour l'acquisition de la forme phonologique chez les CM2, sachant que l'avantage de l'orthographe n’était retrouvé qu’après avoir augmenté la charge d’apprentissage (étude 1b). Notons que, bien que les CM2 surpassaient les CE2 pour l’ensemble des tâches, l’amplitude de la facilitation orthographique était similaire entre les deux groupes. Les compétences en lecture n'étaient pas (systématiquement) corrélées à l'apprentissage du vocabulaire en L2, indiquant que la facilitation orthographique ne nécessitait qu’une faible connaissance de l’orthographe. L’effet modérateur des incongruences lettres/sons avec la L1 était limité à l'apprentissage de la forme orale en L2, avec de meilleures performances discriminatives pour les mots congruents par rapport aux incongruents immédiatement après l'apprentissage (étude 2). Il disparaissait toutefois après une semaine de délai, ce qui plaide pour un encodage différé des mots incongruents par rapport aux congruents, comme l’a postulé le modèle ontogénétique de la représentation lexicale en L2 (Bordag, Gor, & Opitz, 2021) et le lexical fuzziness (Kapnoula, 2021). L'étude 3, menée lors d’un Indoc, visait à déterminer si l'avantage bilingue sur l'apprentissage du vocabulaire en L3 pouvait être étendu aux enfants en immersion linguistique à la L2 en milieu scolaire, mais si cet avantage était renforcé par les similarités interlinguistiques en lien avec les mots cognates. Nous avons montré un avantage généralisé sur l’apprentissage de la L3, sachant que l’effet de facilitation cognate se limitait à l'apprentissage de la forme écrite. À la lumière de ces résultats, cette thèse a souligné la nécessité pour les modèles développementaux du bilinguisme de prendre en compte les traitements lexicaux et sub-lexicaux dès les premières étapes de l'acquisition de la L2.