Thèse soutenue

Ingénierie et compartimentation d'une voie synthétique d'utilisation du méthanol chez E. coli

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Auteur / Autrice : Camille Peiro
Direction : Jean-Charles PortaisStéphanie Heux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ingénieries microbienne et enzymatique
Date : Soutenance le 18/03/2021
Etablissement(s) : Toulouse, INSA
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : TBI - Toulouse Biotechnology Institute, Bio & Chemical Engineering - Toulouse Biotechnology Institute / TBI
Jury : Président / Présidente : Anne-Marie Delort
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Charles Portais, Stéphanie Heux, Anne-Marie Delort, Pau Ferrer, Carole Camarasa, Diethard Mattanovich
Rapporteurs / Rapporteuses : Pau Ferrer, Carole Camarasa

Résumé

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Pour surmonter le problème rencontré dans la biotechnologie blanche concernant l’utilisation de sources carbonées spécifiques pour la production microbienne de composés d’intérêt, de nouveaux substrats plus durables et plus rentables sont nécessaires. Les composés à un seul carbone (C1) tels que le méthanol ont récemment gagné en intérêt comme substituts aux substrats conventionnels qui sont en concurrence pour l'alimentation humaine. Le méthanol peut à présent être produit de manière renouvelable à partir d'électricité, d'eau et de CO2. Les méthylotrophes naturels peuvent croître en assimilant le méthanol mais leur utilisation lors de procédés industriels est encore limitée par un manque d'outils génétiques. Par conséquent, des efforts ont été faits pour générer des méthylotrophes synthétiques en transférant ce trait métabolique chez des hôtes de production bactériens connus (tels que E. coli ou C. glutamicum). Ici, nous avons modifié, introduit et compartimenté une nouvelle voie synthétique d'utilisation du méthanol (MUT) chez E. coli. La voie hybride MUT est composée d'une méthanol déshydrogénase (Mdh) d’origine bactérienne dépendante du NAD et d'une dihydroxyacétone synthase (Das) provenant d’une levure. Le réseau métabolique d’E. coli a tout d’abord été modifié pour s’adapter aux propriétés méthylotrophiques acquises. Le dihydroxyacétone (DHA), un métabolite résultant de l'activité de la Das, est une source naturelle de carbone pour E. coli mais son métabolisme natif reste inconnu. En utilisant des outils de modélisation, nous avons constaté que le métabolisme du DHA n’était pas optimal chez E. coli. De plus, nous avons pu déterminer quelles enzymes étaient impliquées dans le métabolisme du DHA et avons identifié certains verrous métaboliques limitant l'assimilation du DHA grâce à une analyse à l’échelle du système. Nous avons aussi pu identifier des cibles génétiques permettant d’améliorer l'assimilation du DHA. Ensuite, la voie MUT a été introduite chez E. coli. Nous l'avons construite en élaborant une bibliothèque combinatoire de gènes provenant de divers organismes codant pour mdh et das et l'avons testée en suivant l'incorporation du 13C-méthanol au niveau du PEP (un proxy pour suivre l'assimilation du méthanol). Le plus haut niveau d'incorporation de méthanol dans les intermédiaires du métabolisme central (22% dans le PEP) a été obtenu en utilisant la combinaison composée de la Mdh d'A. gerneri et d'une version codon optimisée de la Das de P. angusta. Puis, l'assimilation du méthanol a été testée dans le châssis construit précédemment pour une assimilation améliorée du DHA. La souche synthétique finale a une assimilation du méthanol 1,5 à 5,9 fois plus élevée dans les métabolites intracellulaires et les acides aminés protéinogéniques que la souche de départ. Cependant, la souche finale ne pouvait toujours pas pousser sur du méthanol pur. Enfin, pour optimiser spatialement le fonctionnement de la voie MUT in vivo, nous avons construit un microcompartiment bactérien méthylotrophique (mBMC) contenant la meilleure combinaison de la Mdh et de la Das. Nous avons comparé le fonctionnement de la voie MUT seule ou encapsulée in vitro. Nous avons démontré que la conversion du substrat était améliorée lorsque la voie MUT était encapsulée dans le BMC.Dans l'ensemble, ces travaux ont élargi le répertoire des voies synthétiques permettant l'assimilation du méthanol, tout en apportant de nouvelles connaissances sur l'établissement de la méthylotrophie synthétique chez E. coli. Ils représentent également une base de départ pour l'utilisation des BMCs comme micro-réacteurs modulables pour l'encapsulation de voies métaboliques synthétiques avec des applications directes pour l'assimilation du méthanol.