Thèse soutenue

Contribution des ''language and gender studies'' à l'analyse du discours de femmes engagées : de la mise en perspective historique à la validation empirique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Anais Carrere
Direction : Jean-Rémi Lapaire
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes anglophones
Date : Soutenance le 20/09/2021
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cultures et Littératures des Mondes Anglophones (Pessac, Gironde) - Cultures et Littératures des Mondes Anglophones / CLIMAS
Jury : Président / Présidente : Wilfrid Rotgé
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Rémi Lapaire, Nicole Delbecque, Michael Stambolis-Ruhstorfer, Nicole Ollier, Jean Albrespit, Catherine Paulin
Rapporteur / Rapporteuse : Wilfrid Rotgé, Nicole Delbecque

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse se propose de retracer l’émergence des Language and Gender Studies dans les pays anglophones, d’en situer les concepts et d’en éprouver l’applicabilité dans l’analyse socio-pragmatique du discours politique. Discipline hybride, à la croisée des études de genre et de la linguistique générale, l’étude linguistique des rapports de genre au sein de sociétés reste largement méconnue du grand public et marginale dans le monde universitaire. Une contextualisation et une description analytique des grands courants historiques qui structurent cette discipline depuis sa fondation dans les années 1970 s’imposent et occupent donc les trois premiers chapitres de ce travail : paradigmes de la « déficience, » de la « domination, » de la « différence » et enfin de la « performance. » Le quatrième et dernier chapitre est consacré à une mise à l’épreuve du cadre théorique et méthodologique au travers de l’analyse du discours politique oral d’Hillary Clinton (2007-2016) et de Donald Trump (2015-2016). Il s’agit de déterminer dans quelle mesure les formes instituées de l’expression langagière sont à la fois révélatrices et instigatrices de la construction socio-cognitive du genre et du pouvoir. Hillary Clinton s’avère victime du principe d’injonction paradoxale qui frappe les femmes en politique dans un univers historiquement dominé par les hommes et régi par des codes masculins. Les tensions et contradictions qu’elle doit résoudre - une femme sommée de s’affirmer et de se battre contre des hommes très durs tout en étant perçue comme féminine - avaient déjà été dénoncées par Robin Lakoff en 1975 dans Language and Woman’s Place. Nous en évaluons les conséquences néfastes sur la réputation politique et l’identité personnelle d’Hillary Clinton. Nous mettons aussi en évidence la difficulté rencontrée par les femmes à échapper aux stéréotypes de genre et à instaurer un féminin générique au sommet de l’Etat: une femme (et non pas un homme) capable d’incarner et de porter l’ensemble de la nation. Nous montrons aussi comment certains procédés de la grammaire ordinaire, en apparence innocents (comme l’usage des pronoms you, s/he pour désigner l’autre) peuvent être instrumentalisés pour dominer, diminuer ou abattre ses adversaires dans l’arène politique, de manière cruelle et impitoyable. Nous proposons enfin une extension du concept de fluidité aux styles conversationnels genrés, en politique (et ailleurs peut-être dans le monde social) : inversions, alternances, mélanges.