Thèse soutenue

Compréhension des processus cognitifs de traitement de l’information alimentaire chez des individus normo-pondéraux, en surpoids et en obésité : influence d’un amorçage olfactif implicite et rôle des caractéristiques individuelles

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Auteur / Autrice : Marine Mas
Direction : Stéphanie Chambaron-GinhacMarie-Claude Brindisi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 03/11/2020
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre des Sciences du Goût et de l'Alimentation (Dijon ; 2010-....)
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Gaëlle Arvisenet
Examinateurs / Examinatrices : Stéphanie Chambaron-Ginhac, Marie-Claude Brindisi, Sandrine Peneau, Rémi Capa, François Maquestiaux, Olivier Ziegler, David Val-Laillet
Rapporteurs / Rapporteuses : Sandrine Peneau, Rémi Capa

Résumé

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L’obésité a une origine multifactorielle qui implique des facteurs biologiques, sociaux, psychologiques et environnementaux. Des études ont démontré que des particularités dans le traitement de l’information alimentaire constitueraient un facteur de maintien ou de développement de l’obésité chez certains adultes. Cette vulnérabilité conduirait les individus à avoir des biais attentionnels (i.e. tendance à orienter automatiquement leur attention) et un contrôle cognitif moins efficace (i.e. une difficulté à contrôler les processus cognitifs) face aux aliments. Ce phénomène serait renforcé par un environnement obésogène : un environnement abondant en nourriture et pauvre en possibilités de se dépenser physiquement. Au cours des cinq études présentées dans ce travail de thèse, les capacités cognitives et olfactives ainsi que les caractéristiques psychologiques d’adultes normo-pondéraux, en surpoids, et en obésité ont été mesurées. Pour mieux comprendre les particularités de traitement de l’information alimentaire, les biais cognitifs face aux aliments ont été mesurés (biais attentionnels et déficit de contrôle inhibiteur). Les participants étaient exposés à des odeurs alimentaires non-attentivement perçues (amorçage implicite) et attentivement perçues (amorçage explicite) afin de représenter les effets de l’environnement obésogène sur ces processus cognitifs. Pour explorer les particularités individuelles influençant le traitement de l’information, les capacités olfactives (identification et détection) et cognitives (inhibition et flexibilité) ainsi que les aspects psychologiques (qualité de vie, style alimentaire, image du corps) ont été caractérisés selon le statut pondéral. Nos résultats ont mis en évidence que tous les individus avaient un biais attentionnel envers les aliments et un déficit de contrôle inhibiteur face aux aliments en comparaison avec des stimuli neutres. Seul l’amorçage implicite a eu un effet sur les processus cognitifs, ce qui nous a permis de mettre en évidence un effet de cet amorçage spécifique aux processus automatiques. Cet effet était différent en fonction du type d’odeur et du statut pondéral, ce qui a permis de caractériser une vulnérabilité cognitive des individus en obésité aux odeurs d’aliments à haute densité énergétique. Ces stimuli pourraient ainsi agir comme un « modulateur » des processus cognitifs, de façon automatique et non-consciente. Bien que les capacités olfactives ne soient pas différentes en fonction du statut pondéral, les individus avec un Indice de Masse Corporelle élevé semblent avoir de moins bonnes capacités d’inhibition, un processus important dans l’autorégulation du comportement. Ce travail révèle une certaine sensibilité cognitive à l’environnement obésogène chez des individus de statut pondéral plus élevé. Par ailleurs l’utilisation de questionnaires a permis de mettre en avant plusieurs profils d’individus, certains individus semblant moins vulnérables aux conséquences négatives du surpoids et de l’obésité que d’autres. Une meilleure compréhension de l’obésité par la recherche et par la clinique pourrait permettre de prévenir et de prendre en charge l’obésité au niveau individuel, et sociétal.