« Tiques et agents pathogènes transmis en Corse, milieu insulaire méditerranéen »
Auteur / Autrice : | Sébastien Grech-Angelini |
Direction : | Sara Moutailler |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la vie et de la santé |
Date : | Soutenance le 24/01/2020 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Biologie moléculaire et immunologie parasitaires - ANSES- Laboratoire de Santé Animale |
Jury : | Président / Présidente : Sarah Lesage-Bonnet |
Examinateurs / Examinatrices : Sara Moutailler, Philippe Jacquiet, Olivier Plantard, Karen D. McCoy, Frédéric Stachurski | |
Rapporteur / Rapporteuse : Philippe Jacquiet, Olivier Plantard |
Mots clés
Résumé
La Corse est une île méditerranéenne montagneuse présentant une grande diversité de biotopes. C'est également une région de chasse, de randonnée et d'élevage pratiqué de façon semi-extensive à extensive (bovins, ovins, caprins et porcins). Les interactions sont multiples entre l'homme, les animaux domestiques et la faune sauvage. Même si ce contexte apparait propice à l'implantation d'une grande diversité d'espèces de tiques et à la circulation des agents pathogènes qu'elles transmettent, ils n’avaient jamais fait l’objet d’une étude exhaustive. Le cheptel bovin insulaire, élevé dans un état de semi-liberté (avec une utilisation restreinte de traitements acaricides), est apparu comme un modèle approprié pour dresser un premier état des lieux des tiques présents sur le territoire insulaire. Durant une année, 1 938 tiques ont été collectées dans les trois abattoirs bovins de l'île. Huit espèces de tiques ont été identifiées : Rhipicephalus (Rh.) bursa (56% des tiques prélevées), Hyalomma (Hy.) marginatum (21%), Hy. scupense (9%), Ixodes (I.) ricinus (6%), Haemaphysalis (Ha.) punctata (5%), Rh. sanguineus sensu lato (2%), Rh. (Boophilus) annulatus (0,7%) et Dermacentor (D.) marginatus (0,3%). Le taux d'infestation des bovins est resté élevé toute l'année (63%), et plusieurs espèces de tiques ont montré des variations saisonnières de leur activité. Des collectes plus ponctuelles sur d'autres animaux domestiques (petits ruminants, chevaux, carnivores domestiques) et sauvages (sangliers, mouflons, cerfs, hérissons et oiseaux) ont permis la collecte de 3 134 tiques (dont 60% prélevées sur bovins). Une espèce supplémentaire, Ha. sulcata (collectée sur un mouflon), a été identifiée et des préférences claires d'infestation envers certains hôtes animaux ont été mises en évidence.Une puce à PCR micro-fluidiques en temps réel à haut débit (BioMarkTM dynamic arrays, Fluidigm Corporation, USA) a permis la recherche de 27 bactéries (issues des genres Borrelia, Anaplasma, Ehrlichia, Rickettsia, Bartonella, Candidatus Neoehrlichia, Coxiella et Francisella) et 12 espèces de parasites (issues des genres Babesia et Theileria) dans des pools composés d’une à cinq tiques. Près de la moitié (48%) des 569 échantillons (1 523 tiques analysées) étaient porteurs de l’ADN d’au moins un agent pathogène. Les séquences génétiques de 11 germes, dont sept sont zoonotiques, issus de six genres, ont été détectées. Tous les hôtes animaux prélevés ont présentés des tiques infectées et des agents pathogènes ont été détectés dans 80% de la zone échantillonnée. La présence de quatre agents pathogènes en Corse a ainsi été confirmée : Rickettsia aeschlimannii (23% des pools analysés), Rickettsia slovaca (5%), Anaplasma marginale (4%) et Theileria equi (0.4%), mais pour la plupart des agents pathogènes, leur ADN a été détecté pour la première fois en Corse : Anaplasma phagocytophilum (16%), Rickettsia helvetica (1%), Borrelia afzelii (0.7%), Borrelia miyamotoi (1%), Bartonella henselae (2%), Babesia bigemina (2%) et Babesia ovis (0.5%).Le virus de la fièvre hémorragique de Crimée Congo (CCHF) recherché de façon individuelle (dans ses tiques vectrices (genre Hyalomma) ou dans des tiques connues pour au moins le transporter (Rh. bursa) n'a pas été identifié mais une enquête sérologique réalisée sur 3 890 ruminants domestiques (bovins, caprins et ovins)a montré que 9,1% d'entre eux étaient porteurs d'anticorps dirigés contre le virus suggérant ainsi la circulation d'une souche virale en Corse. De prochaines études, notamment sérologiques, devront déterminer l'exposition réelle des populations humaines et animales aux agents pathogènes détectés et ainsi estimer leur potentiel impact médical et sanitaire en Corse.