L'économie intégrale de John Kenneth Galbraith (1933-1983) : une analyse institutionnaliste historique américaine des mutations de la société industrielle.
Auteur / Autrice : | Alexandre Chirat |
Direction : | Bernard Baudry |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences economiques |
Date : | Soutenance le 17/11/2020 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences économiques et de gestion |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Triangle : Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....) |
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Laboratoire : Triangle : action- discours- pensée politique et économique / TRIANGLE | |
Jury : | Président / Présidente : Virgile Chassagnon |
Examinateurs / Examinatrices : James K. Galbraith, Ludovic Frobert, Béatrice Cherrier | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Muriel Dal Pont Legrand, Cyril Hédoin |
Mots clés
Résumé
Cette thèse étudie la genèse, les modalités de construction et la réception de l’Économie intégrale de Galbraith (1933-1983). Cette expression désigne son projet théorique, lequel vise à proposer un ensemble intégré de schémas explicatifs afin de rendre compte du fonctionnement du système économique de la société industrielle. La première partie fournit une matrice d’interprétation de l’œuvre de Galbraith. Nous réinscrivons son projet dans l’histoire de l’Institutionnalisme Historique Américain (IHA) et de sa lutte séculaire avec le courant néoclassique (Chapitre 1). Nous insistons sur le fait que son analyse de la société anonyme est directement héritière des théories de l’entreprise développées par la tradition véblénienne de l’IHA (Chapitre 2). La deuxième partie étudie en détails la période de formation intellectuelle de Galbraith (1933-1952). Au niveau académique, Galbraith s’efforce de combiner les apports respectifs des trois « révolutions » auxquelles il est confronté - Berle et Means, Chamberlin et Keynes (Chapitre 3). Mais son projet théorique est aussi directement nourri par les enseignements pratiques d’une décennie d’expériences extra-académiques, notamment au sein de l’Office for Price Administration et du magazine Fortune (Chapitre 4). La troisième partie se concentre sur les modalités de construction de sa trilogie, laquelle constitue le cœur de son Économie intégrale (1952-1967). Nous montrons que Le capitalisme américain (1952) contient un modèle bimodal de l’économie et que L’ère de l’opulence (1958) propose une théorie de la consommation fondée sur le rejet du principe de souveraineté du consommateur (Chapitre 5). Le Nouvel État industriel (1967) les complète en fournissant une théorie syncrétique de la grande entreprise en tant qu’organisation (Chapitre 6). La quatrième et dernière partie se concentre sur le devenir de l’Économie intégrale en tant que « paradigme ». Nous montrons comment Galbraith s’efforce de parfaire un projet théorique suscitant des controverses majeures au moment précis où l’Économie entre dans sa « seconde crise » (Chapitre 7). S’il parvient à unifier ses schémas explicatifs autour d’une « théorie générale du pouvoir », nous concluons que son Économie intégrale n’en demeure pas moins nulle et non avenue en tant que « révolution scientifique » (Chapitre 8). Au cours des étapes de construction de son projet, Galbraith s’est nourri de la pensée d’économistes divers – tels Baumol, Berle, Chamberlin, Clark, Hansen, Hymer, Marris, Mason, Kaysen, Simon, Schultz, Schumpeter – et a entretenu des controverses avec des auteurs tout aussi divers – Demsetz, Friedman, Hayek, Heller, Kolko, Meade, Samuelson, Solow, Sweezy. Aussi, tout au long de ce travail, l’œuvre de Galbraith constitue un prisme singulier permettant de poser un regard inédit sur l’histoire de la pensée économique américaine au XXe siècle et sur les mutations du capitalisme dont elle permet de rendre compte.