Thèse soutenue

Sens de la formation universitaire et capital culturel : comprendre et prévenir le risque de perte de sens chez l'adulte apprenant

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Auteur / Autrice : Nadia Baatouche
Direction : Jean-Luc BernaudFrédéric Nils
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie et Ergonomie. Psychologie
Date : Soutenance le 01/12/2020
Etablissement(s) : Paris, HESAM
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Abbé Grégoire (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche sur le travail et le développement (2007-... ; Paris)
établissement de préparation de la thèse : Conservatoire national des arts et métiers (France ; 1794-....)
Jury : Président / Présidente : Philippe Carré
Examinateurs / Examinatrices : Françoise de Viron
Rapporteur / Rapporteuse : Maud Besançon, Sandrine Croity-Belz

Résumé

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Depuis les années 1960, l’entrée en formation universitaire a connu une expansion massive. Cette popularisation a contribué à transformer la valeur accordée au diplôme. En parallèle, la trame socioéconomique anxiogène dans laquelle évoluent les apprenants de tous âges les conduit à chercher une solution rapide, singulière, en phase avec la vie professionnelle. Dans ce contexte, les filières se multiplient ; pour autant, les apprenants trouvent-ils leur solution ? Pourquoi certains seulement restent mobilisés dans leur projet ?Afin d’éclairer les phénomènes de persévérance et d’abandon, cette thèse s’est attachée à clarifier le lien entre capital culturel et sens donné à la formation. Nous avons explicité le concept de sens en présentant ses composantes et des modèles et instruments existants, abordant son lien avec la santé mentale, les apprentissages, l’école et la culture, la formation universitaire. Nous avons abordé le capital culturel notamment en termes de pratiques éducatives parentales, ces pratiques pouvant participer au développement d’un questionnement sur la sphère abstraite de la vie, d’une quête de sens.Pour éclairer le phénomène de démobilisation, croisant les approches de multiples chercheurs, nous avons différencié les notions de persistance et de persévérance et mis en lumière une forme excessive de persévérance, le ‘cramponnage’, révélateur de troubles psychologiques et physiques, tout comme l’hikikomori et le workaholisme.Cerner l’influence du capital culturel dans ce vécu de mal-être, clarifier les significations accordées à la formation par des apprenants français et belges francophones (approche comparative), concevoir un outil d’orientation pour conduire l’apprenant à éclairer ses expériences de vie et donner un sens à son projet, voilà ce qui a motivé notre démarche.Optant pour l’approche méthodologique mixte, nous avons structuré notre recherche en trois temps : mesure des pratiques éducatives sur le sens donné à l’école, identification des sens donnés à la formation (fishing expedition et IPA), expérimentation d’un accompagnement au sens de la vie et de la formation, ‘SVSF’.A l’issue de notre recherche, la formation nous apparait comme réalisation d’une œuvre personnelle, soumise au cadrage d’une subjectivité intérieure et d’une objectivité extérieure. Les résultats de nos travaux invitent chaque apprenant à une médiation entre ces deux pôles, entre capital hérité (quasi immuable) et sens existentiel (en mouvement continu).Aborder la formation sous l’angle du lien entre culture et sens aide l’apprenant à vivre avec elle une relation plus authentique. Mais imposer un dialogue vivant entre ces deux dimensions peut déstabiliser, et il ne suffit pas de porter son attention sur les voix du passé (histoire de vie) pour que paraisse signifiante la voie du présent (formation). Seul face à son histoire, l’apprenant risque de sublimer une interprétation colorée d’affects, se croyant tourné vers le futur, étant en réalité ramené au passé.L’activité réflexive doit donc être structurée par un professionnel, qui ouvre un large espace de narration à l’apprenant, lui offrant de se défaire d’une emprise émotionnelle inconsciente, de contourner les obstacles par la créativité et de développer une capacité d’engagement. L’apprenant se forme, au sens premier du terme : se donner une forme. Forme sociale, forme de soi qui interagit, fait point de contact avec le monde, le dehors.Un projet de formation et de vie, objectivé et signifiant, peut alors être mis en œuvre par cet apprenant aux nouvelles compétences réflexives, sans risque pour lui de se perdre dans l’écho de voix extérieures, donc avec un bien moindre risque de cramponnage ou de décrochage.