Rôle du canal calcique Orai3 dans la résistance à la chimiothérapie dans le cancer du poumon : implication des cellules souches cancéreuses
Auteur / Autrice : | Hiba Abou Daya |
Direction : | Halima Ouadid-Ahidouch, Frédéric Hague |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie-Santé. Physiopathologie humaine |
Date : | Soutenance le 05/11/2020 |
Etablissement(s) : | Amiens |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences, technologie et santé (Amiens) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de physiologie cellulaire et moléculaire (Amiens ; 2003-....) |
Jury : | Président / Présidente : Loïc Garçon |
Examinateurs / Examinatrices : Halima Ouadid-Ahidouch, Frédéric Hague, Loïc Lemonnier, Fabien Van Coppenolle, Nicolas Jonckheere | |
Rapporteur / Rapporteuse : Loïc Lemonnier, Fabien Van Coppenolle |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Depuis son approbation par la FDA (Food and Drug Administration) en 1978, la thérapie par les sels de platine reste le traitement chimiothérapeutique standard actuel pour le cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC). Cependant, la résistance aux sels de platine évolue rapidement chez les patients atteints de CPNPC et l'une des principales raisons de cette résistance est leur capacité à enrichir la population des cellules souches cancéreuses (CSC). Les canaux calciques de type SOC (Store Operated Channel) représentent la voie d'entrée majeure du calcium dans les cellules non excitables et sont impliqués dans différents processus cancéreux notamment la survie. Parmi ces canaux, le canal calcique Orai3 a été récemment identifié comme un élément important dans la résistance à la chimiothérapie dans les cellules cancéreuses du sein. De plus, ce canal est surexprimé dans les cancers CPNPC, est corrélé au grade tumoral élevé et constitue un marqueur prédictif de métastases et de mauvais pronostic chez les patients atteints de tumeurs CPNPC résécables. In-vitro, Orai3 régule la prolifération des cellules CPNPC d'une façon calcium-dépendante, via la voie Akt. À partir de ces données, mes travaux de thèse ont porté sur l'étude de l'effet potentiel du canal Orai3 dans la résistance au Cisplatine ainsi que les voies de signalisation associées dans le cancer du poumon. Nos résultats, sur lignées cellulaires et sur tissus cancéreux, montrent très clairement que le traitement chimiothérapeutique augmente l'expression d'Orai3. Cliniquement, l'augmentation de l'expression d'Orai3, après un traitement chimiotérapeutique, est associée à la non régression ou à une régression partielle de la tumeur. Dans les lignées cellulaires CPNPC, un traitement au Cisplatine augmente l'expression d'Orai3 d'une façon temps-dépendante. Cet effet s'accompagne par l'augmentation de la population des cellules souches cancéreuses (marquage avec CD133) et aussi des marqueurs des CSC notamment Nanog, SOX2 et Slug. L'invalidation de l'expression d'Orai3 ou la réduction de la concentration du calcium extracellulaire sensibilise les cellules au Cisplatine, et réduit totalement l'expression de Nanog et SOX2 et partiellement l'expression de Slug. Par ailleurs, la surexpression d'Orai3 induit la surexpression de Nanog et SOX2. D'une façon intéressante, nous avons constaté un changement de la fonction d'Orai3 en fonction du traitement au Cisplatine. En effet, Orai3 devient SOC après traitement au Cisplatine, ou dans les cellules surexprimant Orai3, alors qu'il régule l'entrée calcique basal avant le traitement ou dans les cellules transfectées avec le vecteur vide. Cette fonction SOC d'Orai3 est retrouvée aussi dans les cellules souches cancéreuses. Finalement, nous avons montré qu'en inhibant la voie Akt, aucune augmentation des marqueurs de CSC n'a été observée et la réponse au Cisplatine a été favorisée. En conclusion, l'augmentation de l'expression d'Orai3 permet à ce canal de devenir SOC favorisant ainsi l'entrée du calcium. Ce dernier, via la voie Akt, permet l'enrichissement de la population des CSC (augmentation des marqueurs des CSC) insensibles au Cisplatine. L'ensemble de nos résultats montre, pour la première fois, le rôle du canal Orai3 dans la résistance à la chimiothérapie due à l'augmentation de la population des cellules souches. Par conséquent, Orai3 pourrait constituer un biomarqueur prédictif du choix des médicaments chimiothérapeutiques