Thèse soutenue

Construction et validation d'un vecteur herpétique (HSV-1) permettant une expression prolongée et sélective de transgènes au sein des neurones afférents de la vessie pour la prise en charge de l'hyperactivité détrusorienne neurogène. : Une approche translationnelle

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Auteur / Autrice : Charles Joussain
Direction : Alberto-Luis EpsteinKeith Alan Foster
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie, physiopathologie
Date : Soutenance le 27/09/2019
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Innovation thérapeutique : du fondamental à l'appliqué (Châtenay-Malabry, Hauts-de-Seine ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Handicap neuromusculaire : physiopathologie, biothérapie et pharmacologie appliquées (Versailles ; 2015-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Paris-Saclay (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Philippe Van Kerrebroeck
Examinateurs / Examinatrices : Cornel Fraefel, Andreas Rummel, Aurélie Goyenvalle
Rapporteurs / Rapporteuses : Cornel Fraefel, Andreas Rummel

Résumé

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Cinquante à 80% des patients atteints d'une lésion médullaire traumatique (LM) présente des d'épisodes d'incontinence urinaire liés à une hyperactivité détrusorienne neurogène (HDN). L’HDN est caractérisée par des contractions non inhibées du détrusor pendant la phase de remplissage vésical, qui conduit à une augmentation des pressions détrusoriennes, particulièrement lorsque l’HDN est associée à une dyssynergie vésico-sphinctérienne. L'objectif principal de la prise en charge de l’HDN est d'obtenir une vidange vésicale régulière, complète et à basse pression, ainsi que de maintenir la continence urinaire, afin d'améliorer la qualité de vie des patients et de prévenir les complications uro-néphrologiques dont l’insuffisance rénale. La prise en charge actuelle repose sur une pharmacothérapie agissant principalement au niveau de la branche efférente, motrice, du réflexe mictionnel, permettant ainsi un remplissage vésical à basse pression. Le traitement de première intention repose sur des antimuscariniques oraux, le plus souvent associés à la réalisation d’autosondages pluriquotidiens. En cas d’échec de cette thérapeutique, l’injection intradétrusorienne de toxine botulique A est proposée. Cependant, malgré leur efficacité, ces traitements induisent des effets secondaires et souffrent d’un échappement thérapeutique, conduisant à un traitement chirurgical de troisième ligne. La technique de Brindley, qui consiste en une désafférentation des racines postérieures sacrées innervant la vessie associée à une stimulation électrique, à la demande, des racines antérieures est une alternative prometteuse, mais reste peu proposée en raison de la complexité de la procédure chirurgicale requise. L'HDN résulte de l'émergence d'un réflexe spinal anormal médié par une plasticité des afférences vésicales de type-C dans les suites de la LM. Le projet de mon équipe est de réaliser une déafférentation vésicale par thérapie génique afin d'abolir le réflexe de miction spinale altérée. Dans un second temps, la miction sera déclenchée par une stimulation électrique à la demande, des neurones efférents de la vessie. Mon travail de thèse consistait à développer les outils nécessaires à une telle désafférentation moléculaire. En conséquence, j'ai construit des vecteurs défectifs HSV-1 délivrant comme transgène thérapeutique la chaine légère d’un toxine botulique (BoNT-LC), sous le contrôle du promoteur du gène codant pour la protéine liée au gène de la calcitonine (hCGRP), permettant une expression sélective au sein des neurones sensoriels. La cassette de transcription a été insérée dans le locus LAT du génome HSV-1, la seule région du génome du virus qui reste active sur le plan transcriptionnel pendant une infection latente. Ces vecteurs ont été évalués (i) in vitro, sur des lignées cellulaires d'origine neurale et sur des cultures primaires de neurones sensoriels embryonnaires et adultes de rats, ainsi que sur des cultures primaires de neurones sensoriels et sympathiques humains adultes, (ii) ex vivo, sur des cultures organotypiques de ganglions sensoriels, sympathiques et parasympathiques de rats adultes, et (iii) in vivo, post inoculation au niveau du coussinet plantaire de rats adultes. Nos résultats indiquent que (i) les vecteurs expriment des BoNT-LC fonctionnelles, clivant ainsi les protéines SNARE post infection de cultures primaires de neurones sensoriels de rats et d’être humain, et inhibant la libération du neuromédiateur CGRP dans les neurones sensoriels de rat, (ii) la sélectivité d’expression de ces vecteurs dans des neurones sensoriels humains, par rapport aux neurones sympathiques humains, et (iii) une expression transgénique prolongée in-vivo au sein de ganglions sensoriels (DRG), au moins pour trois mois, après injection. Par conséquent, ces vecteurs semblent présenter les trois principales spécifications requises pour le développement d’une future stratégie de thérapie génique visant à traiter l’HDN.