Thèse soutenue

Complexité de la crise agraire d’un écosystème de montagne en Haïti. Quelles voies d’amélioration des conditions de vie paysanne et de préservation du milieu ?

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Auteur / Autrice : Adeline Bouvard
Direction : Sophie Devienne
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 03/06/2019
Etablissement(s) : Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pôle de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique (Paris ; 1988-....)
Jury : Président / Présidente : Guy Trébuil
Examinateurs / Examinatrices : Guy Trébuil, Michèle Oriol, Marie Redon
Rapporteurs / Rapporteuses : Michèle Oriol, Marie Redon

Résumé

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Haïti, pays au relief montagneux, a connu un déboisement important tout au long du dernier siècle. La disparition du couvert forestier sur les pentes se traduit par une forte érosion des sols qui engendre des dégâts sur les terres agricoles situées en aval et des coulées boueuses potentiellement meurtrières. Face à ce problème, la restriction des usages agricoles et le reboisement des pentes les plus exposées au risque érosif constituent la principale réponse apportée par le gouvernement haïtien et les organisations internationales. Cette recherche se propose, à partir du diagnostic de l’agriculture de la région de La Borne, située dans la Chaîne des Matheux et en amont de la grande plaine rizicole de l’Artibonite, d’analyser quel serait l’impact d’un projet de mise en défens de terres agricoles pour leur reboisement sur les différentes catégories d’agriculteurs. Il s’agit également de réfléchir à des voies alternatives de développement qui permettraient à la fois de préserver l’écosystème cultivé tout en améliorant la situation alimentaire et économique des exploitations paysannes.Cette recherche a été basée sur un travail de terrain approfondi. Elle a permis de montrer que l’accroissement démographique qu’a connu la région au cours des dernières décennies s’est accompagné de l’augmentation des surfaces cultivées. Celle-ci a reposé sur une réduction de la durée du recrû dans les rotations et sur une extension des cultures jusqu’aux pentes les plus fortes. La reproduction de la fertilité du sol sur les espaces cultivés, permise par l’association avec l’élevage, est de moins en moins bien assurée à mesure que diminuent la disponibilité fourragère et la capacité d’investissement des agriculteurs, qui évoluent dans un contexte socio-économique très défavorable, toutes deux limitant la taille de leur cheptel. Les rendements diminuent et la baisse du taux de matière organique des sols favorise leur érosion sur les pentes. L’analyse du fonctionnement du système agraire a permis de comprendre que la mise en défens des espaces les plus érodés pour leur reboisement se traduirait par une nouvelle réduction des disponibilités fourragères et viendrait exacerber les déséquilibres existants. Les agriculteurs les plus pauvres, dont le fonctionnement du système de production dépend en grande partie de l’exploitation des zones ciblées, seraient les premiers affectés.Certains agriculteurs de la région ont commencé, moyennant l’adaptation et l’utilisation systémique de techniques acquises dans le cadre de projets de développement, à mettre en place de profondes transformations qui participent à résoudre la crise de fertilité de l’écosystème cultivé. Grâce à l’aménagement de terrasses sur les pentes et à une meilleure maîtrise des eaux de ruissellement, au prix d’une forte intensification en travail, ils sont parvenus à développer de nouveaux systèmes de production. Ceux-ci reposent sur l’introduction de cultures fourragères et sur des cultures associées sous couvert arboré, qui permettent d’accroître le taux de matière organique du sol, sa capacité d’infiltration des eaux de ruissellement ainsi que les rendements. Ce nouveau mode d’exploitation du milieu, dont la mise en œuvre requiert une sécurité de la tenure foncière et l’accès à un équipement adapté et relativement coûteux, constitue une alternative de développement agricole qui permet à la fois de limiter l’érosion des sols et d’accroître la capacité de production des écosystèmes cultivés, dans l’intérêt de la paysannerie.