Examen de l'hypothèse du décours temporel dans la théorie des processus duaux du raisonnement
Auteur / Autrice : | Bence Bago |
Direction : | Wim De Neys |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences cognitives |
Date : | Soutenance le 30/05/2018 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Paris ; 1996-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019) |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuel Sander |
Examinateurs / Examinatrices : Wim De Neys, Emmanuel Sander, Hugo Mercier, Jérôme Prado, Grégoire Borst | |
Rapporteur / Rapporteuse : Hugo Mercier, Jérôme Prado |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Dans le champ du raisonnement, les théories du double processus sont largement reconnues comme expliquant différents phénomènes, tels que les biais décisionnels et le raisonnement moral ou coopératif. Ces théories conçoivent le mode de pensée de l'homme comme une interaction entre un système rapide, automatique et intuitif (Système 1) et un système plus lent et contrôlé (Système 2). Le point de vue dominant sur les double processus et le modèle default-interventionist qui suppose l'existence d'une interaction sérielle entre ces systèmes. Ainsi, quand quelqu'un est affronté à un problème de raisonnement, la réponse de Système 1 se forme initialement. Puis, le Système 2 peut être impliqué dans le processus. Les théories du double processus dominantes postulent que les biais de raisonnement sont le résultat d'une réponse intuitive erronée du Système 1. Selon ces théories le Système 1 est capable de générer des réponses basées sur les indices « heuristiques », tels que les stéréotypes - mais il ne peut pas rendre compte des principes logico-mathématiques. Malgré la grande reconnaissante qu'elle a reçu, cette théorie contient une présomption jamais testée, notamment la présomption « corrective ». Celle-ci postule que dans les situations où les indices heuristiques sont en conflit avec les principes logico-mathématiques, le Système 2 devient obligatoirement impliqué afin de corriger la réponse erronée de Système 1 et ainsi arrive à une réponse utilisant les principes logiques. Il semble donc crucial de tester cette présomption, qui est la question centrale de cette thèse. Dans l’Étude 1, j'ai utilisé des versions modifiées du paradigme de deux réponses afin de tester la présomption corrective utilisant deux problèmes classiques du raisonnement (problèmes de taux de base et de raisonnement syllogistique). Dans ce paradigme, les participants résolvent la même tâche deux fois. D'abord, ils doivent donner une réponse très rapidement. Après, ils font face à la même tâche sans contrainte temporelle. Afin de vérifier que la première réponse est intuitive, on a employé quatre méthodes : des instructions, une charge concomitante, un temps limite de réponse, ainsi que la charge concomitante et le temps limite simultanément. La théorie du double processus prédit que les réponses logiquement correctes n'apparaissent que dans l'étape finale. A contrario, j'ai trouvé que la plupart des participants ayant donné la bonne réponse à l'étape finale l'avaient déjà donnée lors de la phase initiale. Cet effet était présent dans toutes les procédures expérimentales et dans les 2 problèmes de raisonnement. Dans l’Étude 2, j'ai testé la même présomption avec un problème de raisonnement plus difficile, le problème de la « batte-et-balle ». J'ai conduit 7 expériences avec le paradigme de deux réponses et j'ai trouvé que les personnes ayant donné la réponse correcte à la fin l'ont déjà générée lors de la réponse initiale - donc, il semblerait que les participants l'ont fait intuitivement. Ces résultats m'ont amené à réviser le cadre default-interventionist et à proposer une théorie du double processus hybride qui suppose que le Système 1 génère deux différentes réponses intuitives dont une basée sur les principes logico-mathématiques. Ces réponses possèdent une force équivoque au début - celle qui gagnera plus en force sera donnée comme la réponse initiale. J'ai testé les prédictions dérivées de ce modèle via l’Étude 3. Grâce l’Étude 4, j'ai mis au point le modèle hybride en testant les changements de force des réponses intuitives au cours du temps. Au cours de l’Étude 5, j'ai commencé à tester la possibilité de généraliser ce modèle hybride et j'ai étudié si les patterns de réponse étaient similaires lorsque les participants répondent à des dilemmes moraux. Dans l’Étude 6, j'ai utilisé l'EEG afin de retrouver les corrélats neuronaux du traitement logique précoce au cours du raisonnement.