Obésité maternelle avant grossesse, allaitement du nourrisson et évolution du poids maternel en post partum.
Auteur / Autrice : | Julie Boudet |
Direction : | Katia Castetbon, Jean-Claude Desenclos, Jean-Claude Desenclos |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Santé publique - épidémiologie |
Date : | Soutenance le 31/01/2018 |
Etablissement(s) : | Université Paris-Saclay (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Santé publique France |
établissement opérateur d'inscription : Université Paris-Sud (1970-2019) | |
Jury : | Président / Présidente : Marie-Christine Boutron-Ruault |
Examinateurs / Examinatrices : Katia Castetbon, Jean-Claude Desenclos, Marie-Christine Boutron-Ruault, Annick Bogaerts, Régis Hankard, Marc Isabelle | |
Rapporteur / Rapporteuse : Annick Bogaerts, Régis Hankard |
Mots clés
Résumé
L’objectif de cette thèse était de mesurer l’association de l’obésité maternelle avec la durée de l’allaitement maternel, au total et exclusif, en prenant en compte les caractéristiques sociodémographiques, périnatales et psychosociales ; puis d’évaluer si l’allaitement était, en France en 2012, associé à une diminution de la rétention du poids maternel dans l’année suivant l’accouchement, en particulier chez les femmes obèses.Les données de la cohorte prospective nationale Epifane ont été utilisées. En 2012, 3368 couples mère-enfant avaient été inclus en France métropolitaine. Le recueil de l’alimentation de l’enfant à la maternité puis à 1, 4, 8 et 12 mois postpartum a permis d’estimer les durées d’allaitement. Les facteurs sociodémographiques et périnataux associés à l’obésité maternelle (Indice de Masse Corporelle (IMC) avant grossesse ≥30 kg/m2) ont été identifiés par un modèle de régression logistique multinomiale. Des régressions de Poisson ont fourni des estimations de l’association entre obésité et durées d’allaitement, exclusif et total. Les associations entre durées d’allaitement et rétention de poids à 4 et 12 mois (définie comme la différence entre le poids maternel à 4 et 12 mois et le poids avant grossesse), ont été estimées par des régressions linéaires. Les facteurs de risque d’une rétention de poids modeste (entre 0,1 et 4,9 kg) ou majeure (≥5 kg) à un an, ont été identifiés par des régressions logistiques multinomialesL’obésité maternelle était associée à un ensemble de caractéristiques sociodémographiques et de complications périnatales, de façon différente selon la parité. Par ailleurs, elle était associée à une durée totale d’allaitement plus courte, comparé à une corpulence normale, indépendamment des caractéristiques sociodémographiques, périnatales, psychosociales, et de la parité. La parité modifiait l’association entre obésité et durée d’allaitement exclusif. Ainsi, chez les primipares, la durée d’allaitement exclusif était comparable chez les femmes obèses et celles de corpulence normale, quel que soit le niveau d’ajustement. Chez les multipares, la relation entre obésité maternelle et durée d’allaitement exclusif réduite observée dans le modèle ajusté sur les caractéristiques sociodémographiques, n’était plus significative lorsque les caractéristiques périnatales et psychosociales étaient ajoutées au modèle.A 4 mois, dans tous les groupes d’IMC avant grossesse, la rétention moyenne de poids postpartum n’était pas différente selon la durée d’allaitement exclusif ou prédominant. Néanmoins, la durée d’allaitement mixte était associée à une augmentation de la rétention de poids à 4 mois, chez les femmes obèses uniquement. A 12 mois, ni la durée d’allaitement exclusif ou prédominant, ni celle d’allaitement mixte n’étaient associées à la rétention de poids. Les risques d’une rétention de poids modeste ou majeure une année après avoir accouché, variaient toutefois selon un ensemble de caractéristiques sociodémographiques et périnatales. La durée totale d’allaitement maternel était plus faible chez les femmes obèses. Par ailleurs, nos travaux ne montrent pas un bénéfice de l’allaitement sur la diminution de la rétention de poids à 4 et 12 mois. Finalement, nos travaux apportent une meilleure compréhension des mécanismes impliqués dans la relation entre obésité et allaitement maternel ; l’identification des facteurs de risque de la rétention de poids ouvre de nombreuses perspectives de recherche. En termes de santé publique, ces travaux réaffirment la nécessité de prendre en compte les facteurs psychosociaux, les caractéristiques sociodémographiques, et les conditions de la grossesse dans la promotion de l’allaitement, notamment exclusif, et dans les actions visant à réduire la rétention de poids postpartum.