Islam et capitalisme : sociologie des entrepreneurs musulmans en France
Auteur / Autrice : | Hicham Benaissa |
Direction : | Philippe Portier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 27/04/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....) |
Laboratoire : Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (Paris) | |
Jury : | Président / Présidente : Franck Frégosi |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Portier, Franck Frégosi, Françoise Lorcerie, Frédéric Lebaron, Patrick Simon | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Françoise Lorcerie, Frédéric Lebaron |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Sous l’autorité des travaux de Max Weber, une large littérature des sciences sociales a longtemps considéré que l’islam, au sein des sociétés musulmanes, n’avait pas favorisé l’émergence de l’esprit du capitalisme moderne. De la même façon que Max Weber a corrélé, en partie, l’apparition du capitalisme moderne en Occident au comportement ascétique du calviniste protestant, l’islam serait symétriquement la cause de ce non-évènement dans les sociétés à majorité musulmane. C’est une hypothèse dont la force de démonstration a contribué à fixer le cadre théorique général par lequel les phénomènes religieux continuent de s’appréhender dans le monde moderne. Or, c’est un cadre qui résiste à la compréhension de ces vastes mouvements d’émigrations-immigrations issus des sociétés traditionnelles, majoritairement musulmanes, vers les sociétés européennes, hautement différenciées et structurées par le modèle capitaliste. En effet, ne sommes-nous pas en droit de supposer, qu’à compter de cet événement migratoire aux impacts multiformes dans les sociétés de départ (émigration) et d’arrivée (immigration), l’islam, dans son unité comme dans sa diversité, dès lors qu’il se « déterritorialise », qu’il s’arrache de ses traditions culturelles historiques pour évoluer à l’intérieur d’un paysage économique et social nouveau, crée nécessairement du(es) sens nouveau que le sociologue est conduit à interroger afin d’en saisir les ressorts et les principes. Ainsi, il ne s’agit plus d’opposer des systèmes dans leurs principes théoriques, mais de s’intéresser à leurs relations pratiques. Pour le comprendre, nous avons mené une étude quantitative et qualitative auprès de chefs d’entreprises musulmans basés sur la région île de France. Nous montrons que le capitalisme est un style de vie dont il faut précipitamment intérioriser la logique ; processus favorisé selon les conditions économique, sociale, culturelle, symbolique dans lequel il se réalise. Nous montrons aussi qu’être musulman, c’est bien souvent recevoir une identité politique, construite collectivement et définie par la configuration politique et historique au sein de laquelle cette identité s’inscrit. Nous suivons enfin le fil historique qui conduit de l’islam des émigrés-immigrés vers la constitution d’un islam français. Processus conduisant à une réinterprétation progressive des principes et du contenu religieux de l’islam à partir d’un paysage social et culturel nouveau et hétérogènes.