Parole, corps et pouvoir dans les romans de ‘Alawiyya Ṣubḥ
Auteur / Autrice : | Sylvana El Khoury |
Direction : | Heidi Toelle |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues, civilisations et sociétés orientales |
Date : | Soutenance le 16/10/2017 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langage et langues (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....) |
Laboratoire : Centre des Etudes Arabes et Orientales (Paris) | |
Jury : | Président / Présidente : Bruno Paoli |
Examinateurs / Examinatrices : Heidi Toelle, Bruno Paoli, Frédéric Lagrange, Boutros Hallaq | |
Rapporteur / Rapporteuse : Bruno Paoli, Frédéric Lagrange |
Résumé
L’œuvre de la romancière libanaise ‘Alawiyya Ṣubḥ (née à Beyrouth en 1955) est traversée par un rapport intrinsèque entre le corps épanoui et son exercice de la parole, de même qu’entre le corps réprimé et son embrigadement dans le silence, le tout lié à une peur du féminin dans ses manifestations aussi bien corporelles que langagières. Face à la norme répressive, le langage des personnages, lieu de l’articulation du savoir et du pouvoir, comme leur corps, lieu de l’exercice de la domination masculine, deviennent des lieux de contre-pouvoirs, des « subjectivités » en devenir comme dirait Michel Foucault. Ainsi se pose dans les trois romans de Ṣubḥ : Maryam al-ḥakāyā (2002), Dunyā (2006) et Ismuhu l-ġarām (2009) la question de la représentation des femmes et la possibilité qu’elles ont de prendre ou non la parole et de se faire entendre. Dans le système patriarcal mis en scène dans ces romans, le silence est la norme contre laquelle s’élève la voix de certains personnages, femmes et hommes. Par conséquent, quand elle intervient, leur parole, qui se situe aux confins de l’admissible, du convenable et du soutenable, a tout de suite valeur de transgression. Une fois cette parole advenue, la femme, parce que c’est surtout d’elle qu’il s’agit, récupère sa voix et l’image de son corps, ce dernier étant, en quelque sorte, le premier lieu où se manifeste l’appropriation patriarcale du discours féminin, et sa réappropriation par la femme, le premier et principal signe d’une possible émancipation. Un parler « féminin » est alors célébré, un parler qui n’est pas exclusivement de femmes, mais un parler qui ne prétend pas à l’universel, et qui permet l’émergence d’un discours minoritaire échappant à la vision logocentrique et théocentrique du monde.