Thèse soutenue

Rendre possible un espace intermédiaire de dialogue pour coconstruire de nouvelles solutions de prévention dans un contexte d’incertitude : cas des travaux de revêtements routiers

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Auteur / Autrice : Nathalie Judon
Direction : Alain Garrigou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences cognitives et Ergonomie. Option Ergonomie
Date : Soutenance le 19/10/2017
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux population Health
Jury : Président / Présidente : Yves Clot
Examinateurs / Examinatrices : Florence Hella, Nathalie Jas
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascal Béguin, Valérie Saint Dizier

Résumé

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Dans le contexte d’incertitude actuel entourant la problématique de l’exposition au bitume dans les travaux de revêtement routier, la thèse vise l’élaboration de principes généraux et de méthodes d’action pour des solutions préventives nouvelles permettant d’enrichir les dispositifs de prévention existants. Dans cette perspective, nous avons développé une démarche centrée sur l’association des travailleurs de tout niveau hiérarchique (opérateurs, encadrement de proximité, préventeurs et décideurs) autour « d’objets intermédiaires de prévention » afin de soutenir un débat collectif. Ce débat collectif est envisagé comme une pratique réflexive sur l’activité de travail, elle-même considérée comme la condition d’un langage commun, permettant de changer des choix initiaux et constituant une ressource pour les apprentissages mutuels entre acteurs. Pour cela, nous avons développé, repris et enrichi la notion de représentation des risques qui favorise la mise en visibilité et la reconnaissance des savoirs construits, développés et portés par les travailleurs sur leur activité et sur les façons de se protéger des dangers. Ces représentations du risque et ces savoir-faire sont un élément déterminant de la prévention car ils s’exercent à la fois dans des modes normaux et dégradés de l’activité et sont issus de l’expérience et d’une construction sociale. Nous avons développé une connaissance précise de l’activité des opérateurs de mise en oeuvre d’enrobés dans deux agences de travaux publics, qui a mis en évidence que les acteurs de terrain possèdent des connaissances fines sur les risques chimiques. Ces représentations, essentiellement permises par l’expérience du corps et des sens, ne sont pas toujours convocables pour mettre en oeuvre des activités de protection dans l’activité de travail. Elles seraient empêchées voire « enkystées » quand il semble impossible aux travailleurs de faire autrement avec la nécessité de gérer aléas, variabilités et autres dangers présents et quand leur pouvoir d’agir leur apparait comme inexistant. Pourtant, nous montrons qu’elles deviennent accessibles à partir de références à la sphère intime et domestique dans des activités réflexives qui mobilisent à la fois des données d’observations, de mesures et des verbalisations. Dans une perspective de recherche en prévention, l’objet de la thèse est alors d’établir un dialogue entre différents mondes, institutionnels et de l’entreprise, afin de permettre aux acteurs de s’investir et de mobiliser leurs ressources individuelles, collectives et organisationnelles pour proposer des solutions de prévention. Cet « espace intermédiaire de dialogue » est rendu possible par la co-construction d’objets intermédiaires en capacité 1- de produire et soutenir un débat autour des pratiques effectives des opérateurs et de leurs représentations au regard des dispositifs de sécurité existants et 2- d’être support aux dialogues et aux apprentissages mutuels. Ces objets intermédiaires de prévention sont in fine des entités circulantes pour la coproduction d’un savoir pour l’action : produire des connaissances et générer collectivement des solutions innovantes de prévention.