Thèse soutenue

L'argumentation sur des questions socio-scientifiques : l'influence des contextes culturels dans la prise de décisions

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Auteur / Autrice : Mario Fernando Gutierrez Romero
Direction : Christian Plantin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 12/07/2016
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Interactions, corpus, apprentissages et représentations (Lyon, Rhône ; 2003-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Interactions, Corpus, Apprentissages, Représentations
Jury : Président / Présidente : Marianne Doury
Examinateurs / Examinatrices : Matthieu Quignard, Thierry Herman
Rapporteurs / Rapporteuses : Dora Inès Calderon

Résumé

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Cette thèse a pour objet d’analyser, chez des étudiants colombiens, la compétence qu’ils ont à argumenter lorsqu’ils doivent prendre des décisions sur des projets agro-miniers, et l'impact qu'auraient leur origine ethnique et leur niveau éducatif dans leur manière de réfléchir sur ces sujets. On analyse en particulier l'argumentation sur les problématiques socio-scientifiques que soutiennent les étudiants colombiens de lycée et d'université, issus de deux contextes sociaux et culturels différents. Poser des problèmes en rapport avec la science et la société à des étudiants colombiens, c'est reconnaître à l'avance le discours argumentatif comme une composante primordiale du programme d'études national colombien pour la construction de l'identité du futur citoyen. L’argumentation devient un outil fondamental pour prendre part aux discussions qui, dans le cadre social, ont des implications sur la science et la technologie dans la société actuelle.La première partie a eu pour but de faire un panorama général des avancées théoriques et empiriques autour de l'argumentation et d'expliciter nos choix théoriques. En parcourant diverses recherches, les antécédents théoriques du travail empirique effectué autour de la psychologie, de l'éducation et l'argumentation socio-scientifique ont été examinés. Enfin, dans cette partie les modèles psychologiques et linguistiques qui permettent d'expliquer l'analyse argumentative de l'émotion ont été examinés.Dans la deuxième partie la population indigène colombienne a été caractérisée, et en particulier la population Nasa-Kiwe (Páez) caractéristiques prédominantes, sa localisation géographique ainsi que la langue Páez, le Nasaywe. L'histoire de la Colombie a été parcourue pour offrir des éléments suffisants à la compréhension des questions socio-scientifiques utilisées dans cette recherche. Les sujets qui ont participé à l’expérimentation ont été introduits ainsi que toutes les caractéristiques qui s'avèrent pertinentes, pour rendre compte de leur origine et de leur nature. La tâche qui leur a été présentée et qui a permis d'obtenir le corpus soumis à l’analyse a aussi été introduite. Finalement dans la deuxième partie, on a détaillé le corpus de cette recherche et on a fourni des statistiques et des graphiques pour le présenter globalement. La troisième partie, regroupe les chapitres analytiques. L’analyse interactionnelle du discours de la communauté indigène a mis en évidence des traces d’un discours collaboratif où le raisonnement logique, l’agentivité, l’analyse morale et les références à des espaces cosmiques ont été évoqués pour justifier des arguments. On a retrouvé aussi une demande revendicative sur les droits des indigènes, défendue par des arguments émotionnels qui rappellent la situation de l’agression vécue historiquement par les communautés indigènes en Amérique latine. Une agression que reconnaît la communauté non ethnique indépendamment du niveau scolaire. Au sein du corpus de la population urbaine, aucune cosmogonie spécifique ni religieuse n’ont été retrouvées. L’analyse a été menée essentiellement par le biais de l’argumentation par conséquences employée pour rendre compte des risques de l’exploitation et de l’utilisation des ressources naturelles du pays pour l’environnement et pour la culture indigène. Le tout, en situant la population indigène comme démunie face aux menaces et aux agressions de l’environnement. En tant que but ultime d’une grande partie des arguments, on retrouve l’intérêt de sauvegarde de la Terre Mère (depuis la perspective indigène), ou celui de la préservation de l’environnement (depuis le point de vue urbain), puisque celui-ci est mis en péril sous la pression d’acteurs motivés par des modèles économiques d’exploitation qui diffèrent considérablement de ceux des communautés autochtones.