Thèse soutenue

Phèdre et la femme de Putiphar dans les littératures des XIXe et XXe siècles : deux figures de tentatrices à l'épreuve de la condition féminine

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Auteur / Autrice : Catherine Negovanovic
Direction : Danièle Chauvin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance le 11/12/2015
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en littérature comparée (Paris)
Jury : Président / Présidente : Caroline Fischer
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Parizet, Mireille Dottin-Orsini

Résumé

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Si rapprocher Phèdre et la femme de Putiphar peut sembler surprenant, cette étude a mis en évidence la gémellité structurelle de leurs histoires et une probable origine commune : l’affrontement d’Ishtar et Gilgamesh au 2e millénaire av. J.C. Le motif de la tentatrice refoulée qui se venge s’est ensuite décliné en deux branches d’évolution, l’une proche-orientale donnant l’épisode de la femme de Putiphar, et l’autre grecque produisant le mythe de Phèdre. Si l’histoire littéraire privilégie parfois l’une ou l’autre, une bipartition finit par s’observer, la femme de Putiphar s’arrogeant le 19e siècle et Phèdre le 20e. L’origine de la tentatrice biblique explique en partie le phénomène. Proche-orientale à une époque où s’exerce une fascination pour l’Orient, héritière d’une misogynie chrétienne séculaire et d’une influence sadienne, la figure entre en résonance avec le mythe de la femme fatale qui s’élabore dans la deuxième partie du siècle. Car face aux premiers soubresauts féministes, les hommes répondent à ce qu’ils ressentent comme une invasion par la fabrication de toutes pièces d’une figure féminine fantasmée et caricaturale : les avatars de l’Egyptienne deviennent des séductrices frénétiques. Mais la Première Guerre mondiale procède à un rééquilibrage et Phèdre revient en force. Investie de nouvelles croyances, elle se fait l’écho de la condition féminine. Agent du bouleversement, elle incarne le Désir et la réalisation globale du sujet féminin. Revendiquant une nouvelle place dans la société, balayant l’ordre ancien, portant des valeurs politiques et humaines éternelles, cette nouvelle Phèdre brille dans un 20e siècle chaotique comme une héroïne intemporelle.