Deux ''petits métiers'' au coeur de la ville : éboueur, balayeur. Comment supporter le ''sale travail'' ?
Auteur / Autrice : | Marine Béguin |
Direction : | Jean-Marc Stébé |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 29/11/2013 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Nancy ; 2013-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire lorrain de sciences sociales (Metz ; 19..-2023) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Fournier |
Rapporteur / Rapporteuse : Pierre Hamel, Philippe Hamman |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Il y a dans le « monde du travail » des professions valorisées, associées au prestige, et d'autres, comme celles d'éboueur et de balayeur qui sont dépréciées, frappées de discrédit, si bien que ces représentations compliquent inexorablement la construction et la stabilisation d'une identité professionnelle, sociale et personnelle positive. Et pour cause, les agents de propreté urbaine exercent un métier méprisé, notamment en raison du contact avec la souillure. L'hypothèse centrale de notre travail suppose que l'image construite par les éboueurs et les balayeurs de leur fonction et donc d?eux-mêmes est sans cesse bricolée, arrangée dans le but d'être supportable. Bien que situés tout en bas de l'échelle de prestige social, ces agents supportent leur quotidien parce qu'ils développent un arsenal stratégique efficace - tantôt de l'ordre du discours, tantôt de l'ordre de l'action - contre toutes les attaques. Ainsi, même la souillure, la puanteur et les pénibilités physiques parviennent à être supportés parce qu'accommodés. Les éboueurs et les balayeurs ont su déceler dans leur travail les ressources nécessaires afin de se « désidentifier » d'une identité trop lourde à (sup)porter. C'est ainsi que les calendriers et le « fini-quitte » apparaissent pour les éboueurs comme des éléments fondateurs d'une identité positive ou du moins plus facile à soutenir. Quant aux balayeurs, l'utilisation des machines et leur appartenance à la fonction publique sont ce qui fait durer dans le métier. Aussi dévalorisés soient les métiers d'éboueur et de balayeur, aussi pénible soit la situation, aussi méprisant soit le regard des autres, ces agents sont capables d'un travail mental, cognitif, permettant de répliquer - par des mots et/ou par des actes - de négocier le stigmate, de « sauver la face » et in fine de se construire une image de soi assez supportable.