Une approche d'analyse risque/bénéfice de la consommation de poissons et produits de la mer
Auteur / Autrice : | Véronique Sirot |
Direction : | Irène Margaritis |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Epidémiologie. Santé publique |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | AgroParisTech |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Contexte. L’alimentation apporte à la fois des nutriments nécessaires au fonctionnement physiologique normal de l'organisme et des contaminants susceptibles d'impacter sur la santé. Il convient donc de prendre en compte ces deux aspects dans la détermination des consommations optimales du point de vue de la santé publique. Les produits de la mer représentent un cas d’étude intéressant car ils apportent à le fois des acides gras polyinsaturés oméga 3 à longue chaine (AGPI LC n-3), des vitamines et des oligoéléments, mais aussi du méthylmercure, de l’arsenic ou encore de polluants organiques persistants. Objectifs. L’objectif de la thèse était de déterminer dans quelles quantités la consommation de produits de la mer présentait un bénéfice nutritionnel, tout en limitant le risque lié aux contaminants apportés par l’alimentation. Méthodes. Les analyses ont principalement porté sur les données de l’étude Calipso menée sur 996 forts consommateurs de produits de la mer (au moins deux occurrences par semaine) de 18 ans et plus. Leurs apports nutritionnels et leur exposition aux contaminants ont été estimés à partir du recueil des consommations alimentaires et de biomarqueurs. Ce travail a permis, au regard des besoins nutritionnels et des risques nutritionnels et sanitaire, la sélection de nutriments et contaminants pertinents, à l’apport desquels et à l’exposition auxquels les produits de la mer contribuent majoritairement. L’analyse risque-bénéfice a consisté en l’utilisation d’un modèle d’optimisation sous contraintes pour déterminer des consommations optimales de produits de la mer. L’objectif était d’optimiser les apports nutritionnels et l’exposition aux contaminants, sous contrainte d’atteinte des apports nutritionnels conseillés (ANC) et de non dépassement des valeurs toxicologiques de référence (VTR), en tenant compte des apports par le reste du régime. Résultats. Chez les forts consommateurs de produits de la mer, le risque sanitaire lié à l’exposition aux méthylmercure et l’arsenic inorganique ne sont pas négligeables. Chez ces mêmes consommateurs, les produits de la mer apparaissent également comme contributeurs majeurs d’apport en vitamine D et certains minéraux. Par ailleurs, une consommation de plus de 200 g/sem de poissons très gras n’entraine pas de bénéfice supplémentaire en termes de biomarqueur de santé cardiovasculaire. Tenant compte de ces éléments, il a été déterminé une consommation dite optimale, permettant à la fois de minimiser l’exposition à l’arsenic inorganique et d’augmenter l’apport de vitamine D en population générale, tout en garantissant l’atteinte de l’ANC pour les AGPI LC n-3, le sélénium et l’iode, le non dépassement des VTR établies pour le méthylmercure, le cadmium, les dioxines et polychlorobiphényles, ainsi que le non dépassement des limites de sécurité établies pour le zinc, le calcium et le cuivre. Cette consommation est de 200 g/semaine environ de certaines espèces de poissons gras et de 50 g/semaine environ de poissons maigres, mollusques ou crustacés. Conclusion. Une consommation optimale de produits de la mer entrainant à la fois un bénéfice nutrionnel et un risque sanitaire maitrisé a pu être définie. Il ressort de ce travail la nécessité de réduire les expositions à l’arsenic et d’affiner les résultats en utilisant le modèle pour certaines populations, en tenant compte des spécificités de ces populations