Thèse soutenue

Discours contre le toxique : déconstruction psychanalytique d'une promesse

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Auteur / Autrice : Béatrice Bioret
Direction : Pascale Macary
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 19/12/2015
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Comportement, Langage, Éducation, Socialisation, Cognition (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Cliniques pathologique et interculturelle (Toulouse)
Jury : Président / Présidente : Marie-Jean Sauret
Examinateurs / Examinatrices : Pascale Macary, Alain Abelhauser, Jacques Cabassut
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Abelhauser, Jacques Cabassut

Résumé

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Toxicomanie, anorexie, boulimie, tanorexie, nomophobie, bigorexie. Ces mots disent nos addictions, à la drogue, à l’alimentation, au soleil, au téléphone, au sport. Mais la liste de nos dépendances est plus longue encore : travail, jeu, sexe, amour. Le XXIe siècle a son fléau, la drogue. Selon les acteurs de la politique de santé publique qui sonnent le glas dans le Plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017, nous serions tous concernés. Dans ce travail, à l’appui des concepts psychanalytiques, nous proposons d’analyser, pour le déconstruire, le discours qui sous-tend cette politique : celui des addictologues. Nous tenterons d’apporter la preuve par la clinique qu’une autre façon de penser est possible, loin de l’approche objectiviste, normalisante et pathologisante. Notre hypothèse est que ce discours fait une promesse toxique, encourageant ce qu’il dénonce, mais plus encore, qu’il fait de nous tous des drogués. Il entretient la logique addictive du sujet toxicomane et s’étend au-delà des frontières de la toxicomanie. Parvenant à essaimer ses signifiants et à infiltrer sa langue techniciste chez le commun de tous les mortels, il façonne la pensée allant jusqu’à transformer l’amour en une addiction. Le sujet, ainsi suggestionné, s’en remet aux experts addictologues, illusionné par la promesse de guérison d’une maladie qu’il n’a pas. Comment en sommes-nous arrivés là ? Que veut dire être drogué ? L’histoire des drogues et de leurs consommations nous apprend que la toxicomanie est née au XIXe siècle, au temps des avancées de la chimie et de l’avènement du capitalisme. Considérée comme une nouvelle maladie, la dépendance aux drogues fait l’objet de théorisations du côté de la pathologie. Ignorant les théories freudiennes et lacaniennes défendant la notion d’« indépendance », à entendre dans le sens d’un désir qui libère de « la peine de désirer », notre époque contemporaine verra naître de nouvelles théorisations et encouragera l’expansion de la notion de dépendance aux comportements n’impliquant pas la consommation de substances, comme l’amour. Nous verrons que le discours de l’addictologie, avatar du discours capitaliste, pétri d’une idéologie scientiste, doit son succès à la logique sur laquelle il est fondé : une logique de l’ordre du démenti.