Société et Espace. Le cas de Gilles Berthelot, un officier des finances royales et son domaine en Touraine entre les années 1490 et les années 1530.
Auteur / Autrice : | Jérôme Salmon |
Direction : | Benoist Pierre, Alain Salamagne |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire moderne et contemporaine |
Date : | Inscription en doctorat le 27/11/2012 |
Etablissement(s) : | Tours |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences de l'Homme et de la Société |
Résumé
À l’instar des souverains français qui s’implantent en Val de Loire entre les années 1480 et les années 1530, les officiers de finance érigent leurs résidences dans les villes royales (Tours, Amboise, Blois) et à proximité, marquant ainsi l’espace ligérien de leur présence architecturale. Jalonnent-ils ainsi un territoire aux caractéristiques qui leurs sont propres ? Leur implantation régionale est connue de la bibliographie depuis le XIXe siècle. Mais si elle a été jusque-là perçue essentiellement en rapport avec les édifices qu’ils ont fait construire, la présence des financiers en Val de Loire n’a pas encore été étudiée au travers d’une analyse socio-spatiale. On sait que leur implantation locale se fonde sur la propriété de domaines fonciers ruraux et urbains. Ces domaines constituent les territoires au sein desquels s’appliquent les comportements sociaux des financiers, lesquels sont aujourd’hui clairement identifiés grâce aux travaux fondamentaux de Philippe Hamon, principalement. Dès lors, l’objectif de ce doctorat est d’interroger les stratégies de sociabilisation des officiers de finance au prisme de leurs rapports aux espaces ligériens. Pour cela, Gilles Berthelot fournit un cas d’étude très intéressant. Fils de Jean Berthelot, financier sous Louis XI, neveu de Jacques de Beaune-Semblançay, maître de la chambre des comptes à Paris, il hérite de la seigneurie du Petit Arrêt, en 1489, pour finalement prendre la tête de la seigneurie d’Azay en 1510 jusqu’ à la fin des années 1520. Surtout, il fait l’objet du fond le plus important relatif à l’activité d’un financier en Touraine conservé aux archives départementales d’Indre-et-Loire, dans le chartrier de la seigneurie d’Azay-le-Rideau, et à même de permettre l’étude envisagée. Tout d’abord, la documentation autorise la représentation cartographie et la restitution chronologique de l’occupation du sol ridellois par le financier, nécessaires pour en comprendre les logiques. Également, la comptabilité conservée fournit assez d’informations pour apprécier ponctuellement sa gestion financière des domaines sur vingt ans. Dans le cadre de la complexité de la stratification des domaines fonciers à la Renaissance, les documents permettent aussi d’étudier les cadres de cette gestion et les échanges qui s’opèrent entre le seigneur et les acteurs territoriaux, notamment dans la ville d’Azay-le-Rideau, à propos duquel la série supplémentaire du chartrier est prolixe, ou à Tours, à partir des archives municipales. Aussi, les connaissances issues des études précédentes le personnage de Gilles Berthelot dans les réseaux curiaux mais aussi familiaux et culturels qu’il convient restituent d’interroger, parfois d’affiner, dans le cadre de son implantation territoriale. Enfin, malgré l’importance du fond concernant le personnage et par soucis d’exhaustivité, cette étude nécessite l’invocation de cas complémentaires ou de comparaison, renseignés par les archives et la bibliographie, comme ceux de Philibert Babou, de Jacques de Beaune, de Florimond Robertet, ou de Thomas Bohier, selon la disponibilité du fond privé. Donc, conformément à la méthodologie d’analyse territoriale, les informations disponibles autorisent la représentation et la description des espaces dans lesquels s’implante Gilles Berthelot, des activités qu’il y exerce et des échanges qui s’y opèrent, dans le but d’analyser les stratégies menées pour l’intégration et la maîtrise (domination ?) des espaces géographiques et sociaux. Finalement, rapporté aux cas des autres financiers, l’exemple de Gilles Berthelot constitue un point d’entrée vers la compréhension des processus de sociabilisation d’une élite sociale en Val de Loire, région d’implantation royale.