Thèse en cours

Les femmes de paille ou le leadership empêché. Les enjeux de la reconnaissance dans la construction et le positionnement identitaire des femmes noires diplômées, au cours de leur parcours professionnel en France.
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Auteur / Autrice : Carmen Diop
Direction : Nacira Guénif Souilamas
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences de l'Education
Date : Inscription en doctorat le 02/12/2011
Etablissement(s) : Paris 13
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis)

Résumé

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Les femmes immigrées subissent une oppression multiple, sur un marché du travail français structuré par des divisions de genre et des oppositions entre Français et personnes issues de l’immigration (Maruani, 1998 ; 2000). Victimes d’un traitement différencié dans l’entreprise (Maruani, 1998), les femmes noires diplômées sont souvent vouées au travail précaire, à temps partiel et accèdent difficilement à une évolution ascendante (Merckling, 2011 ; 2012). Perçues comme subalternes incapables de parler pour soi (Spivak, 1988) malgré leur instruction et parfois malgré leur origine de classe (Wekker, 2009), comment se maintiennent-elles dans l’«entre-deux de la normalité » au travail (Valette, 2003) ? Ce projet de thèse porte sur les relations entre les dynamiques de reconnaissance et les stratégies identitaires de sujets dont l’identité subjective est peu documentée. Loin d’homogénéiser les trajectoires, l’épistémologie du point de vue situé et les théories intersectionnelles permettent de penser l’intrication des rapports de domination dans leurs différentes configurations (Wekker, 2009) et de sortir ces femmes de l’invisibilité sociale (Bilge, 2009) en observant les multiples stratégies d’une «altérité de l’intérieur » (Guénif-Souilamas, 2010 ; 2011). L’aspiration à la reconnaissance est motivée par le déni de légitimité (Renault, 2004 ; Schaut, 1999 ; Honneth, 2000 ; Gueguen, Malochet, 2012). Pour dépasser les représentations, les individus produisent des « récits de résistance» (Delory-Momberger, 2009 ; 2010 ; 2011 ; Butler et Foucault cités par Sanna, 2006). Cette thèse va chercher à démêler la subjectivité de l'objectivité sociale (Hughes, 1996, Becker, 1986, Bertaux, 1996, Demazière, Dubar, 2004) dans les récits biographiques et à comprendre la genèse individuelle du social (Delory-Momberger, 2010). Elle veut apporter un nouvel éclairage sur les études de genre et des minorités et postule que les effets de position ne biaisent pas la production du savoir.