Thèse en cours

« Quête identitaire et autoportrait féminin dans l’art péruvien à travers le regard des femmes au XXIe siècle »

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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu le 24/06/2020. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Carmen Herrera nolorve
Direction : Bernard Lafargue
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Arts (histoire, theorie et pratique des arts)
Date : Inscription en doctorat le 03/11/2011
Soutenance le 24/06/2020
Etablissement(s) : Bordeaux 3 en cotutelle avec Pontificia universidad católica del Perú
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Médiation, Information, Communication, Art (Pessac, Gironde)

Mots clés

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Résumé

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Dans l’histoire de l’art, le genre de l’autoportrait émerge comme une variation du portrait. Au lieu d’observer un modèle, l’artiste devient son propre objet d’étude et de création, aboutissant ainsi à une nouvelle apparence et à une nouvelle version de lui-même, devenant un vecteur de dialogue et d’exposition face à un spectateur qu’il invite à entrer dans son intimité. En prenant conscience de son individualité et de son unicité, l’artiste dépasse l’imitation de sa propre image pour souligner le caractère éphémère de l’être, caractère auquel s’ajoutent divers facteurs historiques, sociaux et spatiaux qui font de lui un témoin de son temps. C’est au XXe siècle que le terme d’autoportrait prend le sens d’autoreprésentation, qui analyse le questionnement, la fonction et la recherche de l’artiste sur lui-même dans un processus de création et une dynamique de réinvention. La quête du sacré et de la pérennité de l’image s’oriente vers le symbolique et délaisse la fonction descriptive pour privilégier les idées et les concepts, générant un nouveau regard qui dépasse l’introspection pour s’ouvrir à l’autre. L’artiste interroge de nouvelles réalités où l’œuvre devient provocation. Face aux sociales ou politiques, l’autoreprésentation peut donner lieu à une image dramatisée, contestataire et revendicatrice. Les techniques, formes, fonctions et fusions mis en œuvre sont multiples et sans tendance dominante, dans une complexité qui fait obstacle à la réalisation d’un classement. Cependant, ces autoreprésentations génératrices de nouveaux espaces, de nouvelles sources de communication et d’étude, séduisent les spectateurs et proposent des approches innovantes à la recherche. De plus, en quittant les lieux habituels d’exposition, le genre va vers d’autres espaces et se confronte à un public différent. L’art s’approprie les rues, la place publique où de nouveaux vecteurs d’expression se développent : installations, performances, happenings. Corollaire immédiat de l’autoportrait, émerge la question identitaire : la construction de l’identité et les divers problèmes mis en lumière par ces interrogations sont souvent liés à des périodes anciennes, comme par exemple la colonisation dans le cas de l’Amérique Latine. Dans ce contexte précis, un des thèmes majeurs est celui de l’identité féminine latino-américaine historiquement marginalisée, dominée, fragmentée et qui aujourd’hui encore lutte pour l’égalité. Selon le dictionnaire de la RAE, l’identité est l’ensemble des « caractéristiques d’un individu ou d’une communauté qui les caractérisent par rapport aux autres » . Or dans l’autoportrait contemporain, la définition la plus pertinente de l’identité, point de convergence des différentes théories, est celle d’ « un espace multiple et changeant car il se (re) construit constamment à partir des circonstances historiques et socioculturelles » de chaque individu. De plus, García Canclini explique que la question de l’identité est également constituée d’éléments croisés de différentes cultures, que l’on peut considérer à ce titre le polyglotte, le multi-ethnique, le migrant et que tous font partie d’une nouvelle construction sociale. En d’autres termes, il s’agit là d’une identité multiculturelle. L’identité féminine a quant à elle évolué avec le rôle des femmes dans l’histoire. Les années 1960 marquent un basculement et les femmes obtiennent davantage de libertés et de droits en menant manifestations et grèves. Bien que le sujet de l’identité soit ouvert à tous les artistes, ce sont les artistes femmes qui l’ont exploré le plus fréquemment. Elles ont expérimenté les limites de leur corps, ses transformations face à l’âge et à la maternité, les rituels liés à l’hygiène, les canons de beauté et les stéréotypes, sans oublier les tabous associés à l’intimité des femmes : menstruation, sexualité, ménopause. Mais le thème de l’identité féminine dans l’autoportrait aborde aussi des éléments de la mémoire familiale, sociale et culturelle représentés dans les corps qui deviennent terrains d’expérimentation et de contestation, porte-paroles des inégalités et dénonciateurs des injustices. Revendication d’un autoportrait en tant que corps politique et social. Dans l’histoire de l’autoportrait, les noms les plus connus et les plus répandus sont ceux d’artistes masculins tels que Rembrandt, Dürer, Picasso, Bacon, Warhol... C’est oublier que des artistes européennes telles que Sofonisba Anguissola, Artemisia Gentileschi, Elisabeth Vigée Le Brun, Rosa Bonheur, Mary Cassat, Tamara Lempicka, reconnues dans les milieux artistiques de leur temps. Aujourd’hui encore, trop peu d’études sont consacrées au travail de ces artistes. Du côté latino-américain, les artistes les plus connues sont Frida Kahlo, Tarsila do Amaral, María Izquierdo, Lygia Pape, Teresa Burga entre autres, toutes précurseurs de l’art féminin et même, dans le cas de Kahlo, Izquierdo et Burga, de l’autoportrait féminin latino-américain. La disproportion de la représentation et le manque d’information entre autoportraits féminins et masculins soulèvent un certain nombre de questions à l’origine de cette thèse de doctorat : existe-t-il une véritable tradition de l’autoportrait féminin au Pérou ? À quelle époque ont été réalisés les premiers autoportraits féminins ? Quelles étaient les recherches et les aspirations de ces artistes ? À l’heure actuelle, ces artistes sont-elles des références dans les arts plastiques péruviens ? Ces questions m’ont permis de construire une méthode d’analyse historique et transversale pour développer ma recherche. En premier lieu, il s’est agi d’analyser les différents discours associés à l’autoportrait féminin péruvien, le rôle social de ce dernier et le développement de l’identité à travers l’autoportrait dans les arts péruviens. Dans un second temps, se pose la question des nouveaux rôles des artistes péruviens et de leur façon d’engager le thème identitaire dans les arts visuels, ainsi que des ressources et stratégies mises en œuvre dans la construction de leurs propres identités. Dans cette perspective, les biographies des artistes ont permis de contextualiser leur travail et de retracer la trajectoire artistique des premiers autoportraits féminins qu’elles ont réalisés parallèlement aux conflits, mouvements sociaux et politiques, qui ont eu lieu en Amérique Latine et au Pérou. Pour conclure, on peut dire qu’avec le thème de l’autoportrait, les femmes artistes péruviennes construisent leur identité féminine sur la recherche de la véritable identité péruvienne, tout en essayant de montrer au public que l’identité péruvienne est riche de son multiculturalisme. C’est à travers leurs autoportraits que les artistes contemporaines critiquent, ironisent et subvertissent les stéréotypes pour interpeller les spectateurs et faire évoluer le regard discriminatoire qu’ils portent sur leur propre culture.