Thèse soutenue

Les rites d'initiation en Grèce ancienne : historiographie d'une catégorie anthropologique et perspectives de recherche
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Auteur / Autrice : Romain Roy
Direction : Yves Lafond
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire, civilisations, archéologie et arts des mondes anciens et médievaux
Date : Soutenance le 14/05/2016
Etablissement(s) : Poitiers
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, pensée, arts et histoire (Poitiers ; 2009-2018)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Hellénisation et romanisation dans le monde antique (2004-....)
faculte : Université de Poitiers. UFR de sciences humaines et arts
Jury : Président / Présidente : Pascal Payen
Examinateurs / Examinatrices : Yves Lafond, Claude Calame, Sandra Boehringer
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascal Payen, Vinciane Pirenne-Delforge

Résumé

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Les rites d'initiation, en tant que catégorie interprétative, ont fait leur véritable apparition dans les études grecques il y a maintenant plus d'un siècle, grâce à une analyse pionnière proposée par Jane E. Harrison (Themis, 1912). Malgré des débuts difficiles, l'interprétation initiatique a connu un destin historiographique des plus remarquables, permettant de donner un sens à des pratiques rituelles et discursives grecques qui jusque là ne cessaient de questionner les historiens (arkteia attique ou encore flagellation des éphèbes spartiates, par exemple). Atteignant son apogée entre la fin des années 70 et le début des années 90, certains historiens ont même été jusqu'à dire de cette catégorie qu'elle constituait un véritable paradigme en histoire des religions anciennes. Depuis le début de la décennie 90 cependant, émergent çà et là des analyses critiques qui pointent certaines apories de l'interprétation initiatique des pratiques cultuelles et discursives grecques : une certaine approximation conceptuelle ; un caractère largement métaphorique ; une utilisation lâche de la chronologie antique ; etc.Ce travail de thèse cherche à prolonger et à systématiser ces critiques éparses afin de produire une analyse historiographique critique de l'utilisation de la catégorie anthropologique des rites d'initiation dans le champ des études grecques. Empruntée à une discipline voisine, cette catégorie a en effet par la suite beaucoup circulé au sein de l'historiographie grecque, subissant différentes transformations en fonction des contextes sociaux et intellectuels, des “modes”, mais aussi des enjeux de pouvoir. Dans une perspective d'anthropologie historique réflexive, et en prenant appui sur la notion d'opération historiographique développée par Michel de Certeau et Paul Ricœur, la première partie de ce travail cherche à mettre au jour les préalables méthodologiques et épistémologiques qui ont permis l'accueil, dans le champ des études grecques, d'une catégorie née au sein de l'anthropologie (chap. 1) et interroge la nature épistémologique de celle‑ci (chap. 2). La deuxième partie analyse ce qu'il convient d'appeler la construction historienne d'un avatar grec de l'initiation. Après un examen de l'utilisation et du façonnage de cette catégorie dans les études grecques (chap. 3), cette thèse met en évidence le manque de matérialité qui caractérise la version grecque du candidat à l'initiation, largement dépendante du modèle métaphorique du chasseur noir élaboré par Pierre Vidal‑Naquet (chap. 4). Dans une troisième partie, ce travail de thèse tente d'éprouver cette version grecque de l'initiation en la confrontant à divers prismes d'analyse tels que le temps, le genre ou l'espace (chap. 5, 6 et 7). Il s'agit alors de proposer, en ouverture, diverses nouvelles possibles pistes d'interprétation pour ces pratiques cultuelles juvéniles que l'historiographie a souvent qualifiées d'initiatiques.