Thèse en cours

L'écriture-monde d'Edouard Glissant

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Auteur / Autrice : Stéphane Morice du Lerain
Direction : Roger Toumson
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Littératures française et francophone
Date : Inscription en doctorat le 23/11/2010
Etablissement(s) : Antilles
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Dynamique des environnements dans l'espace Caraïbes-Amériques (Pointe-à-Pitre ; 2022-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches interdisciplinaires en lettres, langues, arts et sciences humaines (Schoelcher, Martinique)

Résumé

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En 2007, sous la direction de michel le brie et jean rouaud a été publié dans les éditions galimard un ensemble de communications réunies sous le titre pour une littérature-monde. la plupart des auteurs s'attache à redéfinir la francophonie comme un vaste archipel culturel qui donnerait la mesure de notre époque contemporaine marquée par la mondialisation, l'interculturalité. on est amené à considérer l'emploie de cette sorte de suffixe qu'est devenu le terme monde précédé d'un tiret. on pense d'emblé à glissant et à son emploi récurrent du “tout-monde” pour désigner l'espace à la fois mental et énonciatif de l'homme d'aujourd'hui. cet homme pense global tout en agissant local. lorsqu'il écrit, il le fait dans a présence virtuelle de toutes les langues, de toutes les cultures. le monde serait donc la scène énonciative de tous les discours et de toutes les créations esthétiques. comme chez glissant, la présence du monde se caractérise avant tout par des modalités scripturales plus que par des références concrètes à de multiples cultures. nous avons privilégié l'expression écriture-monde, qui prend davantage en compte la scénographie scripturale. par exemple les procédés de créolisation et de déconstruction des codes génériques (mélange des genres) participeraient chez glissant de cette nouvelle vision du monde. il parait intéressant de confronter sur ce point des théories glissantiennes contenues dans les essaies et les pratiques scripturales dans la poésie et les fictions romanesques. s'agissant de saint-john perse, l'approche peut paraître radicalement différente dans la mesure ou une expérience du monde, celle du diplomate, du voyageur, pour ne pas dire celle issue de l'occident universaliste, semble servir d'assise à la création poétique. un article de michel deguy intitulé “ le chant de saint-john perse” met l'accent sur l'universalité de l'écriture persienne. une écriture qui s'affranchit de toute visée impérialiste ou colonialiste pour célébrer le monde entier. michel deguy note ainsi que perse a dû modifier, enrichir la langue française pour prendre la mesure, la totalité du monde, de l'expérience humaine. on peut déjà au terme de cette première approche poser provisoirement que le terme “monde” n'est pas neutre. il peut désigner l'illusion qu'il existe, selon glissant, une totalité des “étants”, ainsi qu'une mise en relation des cultures selon une problématique historique : pour glissant, une littérature-monde doit prendre la mesure du moment post-colonial. cf : p77 du recueil. on le voit, le terme monde à un contenu idéologique. perse préfère employer le terme “d'universalité” mais il précise dans son discours de stockholm qu'il s'agit de fonder “un humanisme nouveau, d'universalité réelle et d'intégrité psychique”. le terme monde (toutes faces de ce monde, le monde entier des choses) est plutôt réservé à l'écriture poétique qui mêle dans un grand opéra cosmique (mer, vent, pluie, neige…) des références à une totalité humaine, croisement de toutes les civilisations. la perspective de perse est ontologique. perse célèbre l'épopée de l'humanité qui s'accomplie à travers les déchirements et les dépassements : “ poète, homme d'absence et de présence, homme de refus et d'affluence, poète, né pour tous et de tous s'accroissant, sans s'aliéner jamais, il est fait d'unité et de pluralité. par grands flambeaux d'humanité s'opère en lui ce déchirement d'un seul en proie à l'épopée de tous”. il convient d'ajouter que le terme de littérature-monde, avait été déjà travaillé par la pensée de goëthe comme on le voit notamment dans son entretient avec eckermann. goëthe prend les littératures dites nationales. non pas que les littératures soient déconnectées de leur culture qui leur sert de terreau et de la langue utilisée. mais précisément le chef d'oeuvre franchit des limites de l'appartenance nationale pour élargir la sensibilité vers une forme d'universalité. les artistes, les écrivains, sont donc des passeurs de frontières et pour ainsi dire, des passeurs d'âme. l'écriture-monde posera donc un questionnement idéolog