Thèse en cours

L'exploitation minière dans la Zone des grands fonds marins : enjeux juridiques et gouvernance multilatérale du « patrimoine commun de l'humanité »

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Auteur / Autrice : Hugo Collin hardy
Direction : Niki Aloupi
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit public
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2025
Etablissement(s) : Université Paris-Panthéon-Assas
Ecole(s) doctorale(s) : Droit international, droit européen, relations internationales et droit comparé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche de l'Institut des Hautes Etudes Internationales

Résumé

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Au fond des océans reposent d'importants gisements de minerais, tels que le cobalt, le manganèse ou le nickel. Ces ressources rares et non renouvelables sont qualifiées de « stratégiques » ou de « critiques » en raison de leur rôle central dans la fabrication des technologies numériques et des équipements nécessaires à la transition énergétique. Alors que la demande mondiale s'accroît, l'offre terrestre est contrainte par l'épuisement progressif des gisements. Cette tension alimente l'intérêt croissant des États et des entreprises pour l'exploitation minière des fonds marins. En droit, près de la moitié des fonds et sous-sols marins se situent dans « la Zone », au-delà des juridictions nationales. Or, la Zone et ses ressources sont qualifiées de « patrimoine commun de l'humanité » par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Insusceptibles de toute appropriation par des États ou des entités privées, elles sont gérées et régulées par une organisation internationale spécialement constituée, l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM). Celle-ci a adopté plusieurs règlements relatifs à l'exploration de la Zone, mais le cadre juridique de l'exploitation demeure en négociation. Parmi les éléments en débat figure notamment le régime financier : redevances, fonds de compensation environnementale, mécanismes de responsabilité et garanties. Ces enjeux concernent autant la mise en œuvre du patrimoine commun que la prévention des dommages environnementaux, dans un contexte historique de défiance entre États industrialisés et États en développement. Les controverses sont vives. Certains États et acteurs privés plaident pour exploiter rapidement afin de sécuriser leurs approvisionnements et de bénéficier de la valeur marchande de ces minerais. D'autres, rejoints par des scientifiques, des institutions financières, ainsi qu'une part croissante de la société civile, demandent un moratoire. Ils invoquent le principe de précaution et les incertitudes scientifiques sur les conséquences écologiques et climatiques de ces activités. Ce projet doctoral analysera le droit positif et prospectif de l'exploitation minière des fonds marins, en droit international public. Il interrogera la capacité de ce cadre normatif en formation à concilier intérêts économiques, sociaux et environnementaux. L'étude mobilisera le droit de la mer, le droit international de l'environnement et le droit international économique. Elle accordera une attention particulière au régime financier et à la responsabilité, en les comparant à d'autres systèmes (pétrole, nucléaire, transport maritime). Elle mettra également en perspective la Zone et les régimes nationaux, où des approches contrastées émergent entre exploitation active et moratoires locaux (Nouvelle-Calédonie, Portugal, etc.). Enfin, la recherche s'inscrira dans une comparaison plus large avec d'autres régimes de gestion des biens communs, qu'ils soient mondiaux (haute mer et espace extra-atmosphérique), nationaux (forêts, fleuves, montagnes) ou régionaux (Amazonie, Arctique, Antarctique). L'objectif est de contribuer à la réflexion sur l'avenir du droit international face aux défis conjoints de la durabilité et de la gouvernance mondiale.