Thèse en cours

Enjeux, fabrique et circulation des discours sur la mode vestimentaire dans la presse féminine (entre Madrid, Cadix et Barcelone) durant le libéralisme (1808-1874).

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Auteur / Autrice : Valentine Bessieux
Direction : Elisabel LarribaÁlvaro MOLINA MARTíN
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Etudes Romanes
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2025
Etablissement(s) : Aix-Marseille en cotutelle avec Université Nationale à Distance
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Temps, Espaces, Langages - Europe Méridionale, Méditerranée

Résumé

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Cette thèse se propose d'étudier les discours sur la mode vestimentaire diffusés dans la presse féminine espagnole entre 1808 et 1874, soit durant la période du libéralisme espagnol, marquée par de profondes mutations politiques, sociales et culturelles. Elle vise à interroger la manière dont la mode, en tant que phénomène à la fois matériel, symbolique et médiatique, participe à la construction des identités féminines et à la diffusion de normes sociales et esthétiques dans un espace en constante recomposition. L'analyse porte plus particulièrement sur trois villes — Madrid, Cadix et Barcelone — qui constituent des foyers culturels et politiques singuliers, permettant de saisir à la fois la diversité des discours et les dynamiques de circulation entre centres de production et récepteurs locaux. Cette recherche se situe au croisement de plusieurs champs : l'histoire de la mode, l'histoire de la presse, l'histoire du genre et les circulations matérielles. Elle interroge la presse féminine non seulement comme support de diffusion de tendances vestimentaires, mais aussi comme espace discursif dans lequel se négocient des représentations du féminin, de la modernité, et du rapport au politique. Il s'agit ainsi de comprendre comment la mode devient un langage, un vecteur idéologique, mais aussi un espace de tension entre prescription et appropriation, entre normes bourgeoises et aspirations individuelles. La chronologie choisie (1808–1874) correspond à un arc historique riche en événements fondateurs : la guerre d'indépendance, les Constitutions libérales, les différentes étapes de l'instauration du régime parlementaire, la montée en puissance de la bourgeoisie, l'alphabétisation progressive des femmes, et l'essor de la presse comme outil de diffusion des idées. Dans ce contexte, la mode féminine devient un objet stratégique : elle cristallise des imaginaires sociaux, elle se fait le miroir de conflits idéologiques, et elle permet d'observer comment les femmes — en tant que lectrices, consommatrices et parfois rédactrices — s'inscrivent dans ces processus. Le corpus étudié s'appuie sur un ensemble de périodiques féminins (et sections féminines de journaux généralistes) publiés à Madrid, Cadix et Barcelone, entrelacés avec des sources iconographiques, annonces publicitaires et correspondances. L'analyse qualitative des textes, croisée à une approche comparative des dynamiques locales et nationales, permet d'identifier des typologies de discours, des stratégies d'énonciation et des circulations interurbaines. Une attention particulière est portée à la rhétorique du goût, aux modèles corporels véhiculés, aux formes de sociabilité suggérées, et à la manière dont les vêtements deviennent le support d'un récit identitaire plus large. Par cette étude, la thèse ambitionne de contribuer à une meilleure compréhension du rôle de la mode dans les processus de modernisation culturelle et de genrification des discours publics dans l'Espagne du XIXe siècle. Elle met en lumière des interactions complexes entre centre et périphérie, entre idéaux libéraux et conservatismes persistants, entre voix dominantes et appropriations féminines. Elle s'inscrit ainsi dans une réflexion plus large sur la fabrique du visible, la circulation des normes, et la manière dont les objets du quotidien — ici, les vêtements — deviennent des lieux de pouvoir, de narration et d'émancipation potentielle.