Thèse en cours

Le conflit des libertés. Essai sur les conflits normatifs entre droits fondamentaux

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Camilo Le tacon
Direction : Denis BarangerSophie Djordjevic
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit Public
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2024
Etablissement(s) : Université Paris-Panthéon-Assas
Ecole(s) doctorale(s) : Droit public interne, science administrative et science politique - Georges Vedel
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Michel Villey pour la culture juridique et la philosophie du droit

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse vise à étudier la structure, la portée et les modes de résolution des conflits entre droits fondamentaux, pour autant que leur existence manifeste et produit des difficultés conceptuelles majeures. En effet, en raison de leur teneur normative spécifique, ces droits disposent traditionnellement d'une priorité à l'égard de toute autre prétention juridique ; laquelle est souvent conçue comme stricte. Or, force est de constater que l'idée même de conflit s'accorde difficilement avec une telle conception de la nature d'un droit fondamental, puisqu'elle implique a minima une limitation réciproque des termes en présence, sinon une renonciation pure et simple de l'un d'entre eux. Dans la mesure où, en outre, il s'agit de normes d'égale valeur, évacuant d'emblée le recours à une éventuelle hiérarchie formelle des normes, toute la question est donc de savoir comment un droit fondamental peut-il, tout à la fois, être absolument prioritaire, car non négociable, et malgré tout limitable au profit d'un autre ? Une des tâches essentielles de cette étude sera ainsi d'examiner la structure des conflits entre droits fondamentaux. Cette réflexion n'étant pas envisageable sans une investigation préalable sur leur nature, il s'agira d'abord, et à cette fin, d'interroger la logique des droits fondamentaux en tant qu'objet juridique spécifique. Par ailleurs, ce sont également les modes de rationalité admissibles pour la résolution de tels conflits qui intéressent ce travail. En effet, si l'on prête attention à ce qui constitue la méthode d'interprétation dominante en la matière, le principe de proportionnalité, là encore, la réflexion bute sur de sérieuses difficultés. Celle-ci consiste, pour l'essentiel, à mesurer l'intensité relative de l'interférence subie par un droit comparativement à l'importance rattachée à la réalisation du droit concurrent. Or, il ne va pas du tout de soi que nous puissions objectivement attribuer un degré d'interférence ou de satisfaction à quelque chose comme un droit fondamental. Plus encore : à supposer que nous puissions effectivement le faire, il n'est pas du tout certain que soyons en mesure de comparer rationnellement des degrés ou poids assignés à des principes opposés. Il y a des qualités en jeu qui ne sont pas quantifiables – et par là rendues commensurables – comme pourraient l'être certaines propriétés physiques. Cet essai ne souhaite pas se limiter à ce principe en particulier, mais quel que soit le critère que l'on retienne pour trancher un conflit entre droits fondamentaux, la question à laquelle il voudrait participer à répondre demeure identique : s'agit-il d'un principe ou d'une méthode adéquat pour résoudre un conflit normatif, compte tenu des propriétés spécifiques des droits dits fondamentaux ? Une autre tâche capitale de cette thèse sera ainsi d'examiner les règles, méthodes et critères de résolution des conflits normatifs entre de tels droits.