La liberté contractuelle dans la vie des sociétés
Auteur / Autrice : | Meryem Laslami |
Direction : | Hervé Lecuyer |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit privé et sciences criminelles |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2011 |
Etablissement(s) : | Université Paris-Panthéon-Assas |
Ecole(s) doctorale(s) : | Droit privé |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de droit civil |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La liberté est intrinsèque à toute existence. Elle peut défier les lois et rassurer le « moi ». Elle provient de notre volonté et en est à la fois l'aboutissement. Il est difficile de définir la liberté sans se heurter à des obstacles logeant en dehors, mais aussi à l'intérieur de la sphère juridique. Spinoza avance que l'Homme libre est celui qui, au lieu de redouter le mal désire directement ce qui lui est utile. Il rajoute afin de confirmer sa vision que l'esclave est celui qui n'agit que par crainte et ne cherche le bien que négativement, en sorte qu'il ne le trouve jamais. Nous y voyons une légère opportunité de proposer une rédaction libre de clauses utiles insérées dans les contrats constituant la société ou qui en naissent, mais nous nous rendons vite compte que ce qui nous fait perdre notre liberté aux yeux de Spinoza, en l'occurrence, rédiger des clauses par crainte, est à notre sens un allié de la rédaction libre des contrats dans la vie des sociétés. C'est la voie de la raison des rédacteurs et une sécurité nécessaire. Cependant nous nous rendons vite compte que le contractant libre n'est pas un rédacteur indéfiniment libre et libéré de toute contrainte légale ou morale, le contractant a néanmoins un pouvoir de réflexion, de maniement des clauses sous le contrôle continue et efficace que la loi exerce et qui reposerait sur un échafaudage refusant de réduire la responsabilité de l'acteur principal, en l'occurrence le contractant, à une simple fonction de signataire. Alors que celui-ci voudrait jouer un réel rôle contractuel. Il ne peut pas se contenter d'affirmer ses droits et obligations contre les droits et obligations de son cocontractant. Il doit pouvoir agir dans la vie des sociétés en se demandant ce qui est possible et souhaitable dans le monde contractuel dans lequel il s'engage, sous la lanterne avisée et fortement conseillère du juriste qui profiterait pleinement de son rôle de penseur en joignant la liberté à un bouclier indispensable : la force obligatoire. A côté de la liberté contractuelle élevé au rang de principe par la réforme de 2016, le volontarisme émerge depuis la naissance de l'idée contractuelle. Nous ne manquerons pas, ce faisant, de mettre en exergue le contrat en tant qu'accord de volonté, au-delà de son rôle de clausier toutefois très utile, et souvent au service de la liberté contractuelle même si parfois on peut suspecter qu'il puisse la limiter. Aussi, nous tenterons de vérifier que le rayonnement de la liberté contractuelle ne peut se faire en dehors du « triangle » dans lequel elle forme l'un des trois segments, aux côtés de la nécessaire « bonne foi » et de l'indispensable « force obligatoire » du contrat. En effet, les créations juridiques sont une uvre de l'esprit humain, intelligent et soucieux du bien-être de son environnement. Mais toute création de l'esprit est propice à l'erreur et au changement. Les créations peuvent cependant aspirer à une perpétuelle amélioration, surtout lorsqu'elles émanent de notre besoin naturel d'exister. Comme c'est le cas de la liberté. Elle est l'une des principales manifestations de l'esprit. Et, la création juridique gravite dans l'orbite de la liberté contractuelle, elle en explore les possibilités, se confronte à ses limites et y puise les richesses quand cela est réalisable. La présence de la liberté contractuelle dans la vie des sociétés, pour séduisante qu'elle soit, n'est pas automatique. Nous n'avons pas pu l'utiliser comme une donnée mais plutôt comme un résultat recherché tout en utilisant l'illustration qui va se charger d'explorer les terres de la liberté contractuelle. Mais le balancier semble assez fort. Car dans sa tectonique des plaques la terre de la liberté contractuelle semble s'être construite au fil du temps, à l'aune d'une confrontation puis d'une collaboration avec la force obligatoire. Toutes deux nécessaires à une gestion sécurisante et à une vie des sociétés à la fois créatrice de richesses et inscrite dans la durabilité.