Thèse en cours

Iura comparat curia: Le recours au droit comparé par la Cour de justice de l'Union européenne et la Cour européenne des droits de l'homme

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Petros Katsoulas
Direction : Thomas Perroud
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit Public
Date : Inscription en doctorat le 08/10/2019
Etablissement(s) : Université Paris-Panthéon-Assas
Ecole(s) doctorale(s) : Droit public interne, science administrative et science politique - Georges Vedel
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études et de recherches de science administrative

Résumé

FR  |  
EN

L'objet principal de ma thèse est d'examiner comment le droit comparé, initialement conçu comme une méthode d'interprétation des systèmes juridiques étrangers, a progressivement acquis une place centrale en tant qu'outil jurisprudentiel au sein des deux grandes juridictions européennes : la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) et la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Il s'agit ici de comprendre non seulement l'usage qui en est fait, mais surtout d'analyser sa capacité à structurer un dialogue fécond entre les différentes traditions juridiques européennes et à contribuer à l'élaboration d'un socle commun, tout en respectant les particularités nationales. Cette approche est à la fois théorique et pragmatique, puisant dans les sources doctrinales tout en restant ancrée dans la pratique jurisprudentielle. L'analyse repose sur une exploration approfondie de la littérature internationale traitant du dialogue judiciaire, laquelle sera intégrée aux axes de réflexion principaux de cette thèse. Le droit comparé ne sera donc pas seulement envisagé sous l'angle de l'interprétation, mais également comme un vecteur permettant d'initier un échange continu entre les juridictions nationales et européennes. Ma recherche s'attache à mettre en lumière les multiples fonctions que cet outil remplit dans ce dialogue, ainsi que les techniques spécifiques à travers lesquelles il se manifeste dans le raisonnement des juges. Le recours au droit comparé par la CJUE et la CEDH ne se limite pas à pallier des lacunes dans l'interprétation juridique. Il incarne une méthode active, voire créative, permettant de modeler un système juridique supranational tout en préservant les particularités des traditions nationales. Ce processus est complexe et dynamique : il ne s'agit pas d'une simple juxtaposition de normes, mais bien d'une interaction subtile où chaque tradition juridique nationale vient enrichir le corpus commun sans l'affaiblir. L'étude vise ainsi à comprendre comment ces techniques comparatives influencent la formation de principes juridiques et contribuent à maintenir un équilibre délicat entre harmonisation et diversité au sein de l'espace juridique européen. Un des défis théoriques majeurs que cette recherche soulève est celui du pluralisme juridique européen. Jusqu'à quel point les références aux droits nationaux par la CJUE et la CEDH participent-elles à la consolidation d'un système juridique cohérent, ou au contraire, risquent-elles d'accentuer la fragmentation de l'espace juridique européen ? Ce questionnement, au cœur de ma réflexion, interroge les tensions inhérentes entre la nécessité de respecter la diversité des systèmes juridiques nationaux et l'impératif d'une certaine unification à l'échelle européenne. Le dialogue judiciaire devient ici un instrument clé pour comprendre ces tensions et les surmonter. Enfin, ma thèse aborde le concept de 'fertilisation croisée' : comment les cours européennes s'inspirent-elles des systèmes juridiques nationaux non seulement pour y puiser des solutions, mais aussi pour dépasser les limites conceptuelles propres à chaque système ? Le droit comparé se présente alors comme une méthode d'une grande richesse, permettant à la CJUE et à la CEDH d'élaborer un cadre juridique véritablement européen, qui incorpore les spécificités nationales tout en créant un langage commun. Cette recherche offre ainsi une analyse critique des mécanismes par lesquels le droit comparé façonne l'évolution du droit européen, tant dans sa dimension interprétative que normative.