Thèse en cours

La dépression économique au Liban, ses conséquences sur les agents financiers et les dispositions juridiques pour y remédier

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Auteur / Autrice : Jeannette Haddad
Direction : Hervé Lecuyer
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit privé et sciences criminelles
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2008
Etablissement(s) : Université Paris-Panthéon-Assas
Ecole(s) doctorale(s) : Droit privé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de droit civil

Résumé

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Le Liban traverse une immense crise économique depuis le mois d'octobre 2019 et la Banque mondiale a classé cette dépression parmi les crises économiques les plus dramatiques du monde. En effet, bien que le Liban ait connu une période de prospérité après la fin de la guerre civile, l'assassinat du premier ministre en 2005 secoua à nouveau la scène politique. La guerre de 2006, ainsi que la guerre syrienne eurent un impact catastrophique au niveau démographique, politique et économique. Les marchés financiers furent très secoués et la main d'œuvre libanaise fut fortement concurrencée par la venue des émigrés syriens. La corruption, le clientélisme, les commissions accordées aux fonctionnaires publics, le détournement de fonds, l'enrichissement illicite, et la fuite des capitaux vers l'étranger deviennent monnaie courante. Les ingénieries financières hasardeuses ne font qu'empirer la situation et en automne 2019, les libanais envahissent les rues dans un grand mouvement contestataire. Les banques commencèrent à restreindre l'accès des dépôts aux épargnants, plafonnant les retraits en dollars et interdisant le transfert d'argent vers l'étranger. Le Liban se trouva dans l'incapacité d'honorer ses dettes et dut se trouver en défaut de paiement pour 1,2 milliards d'Eurobonds arrivés à échéance en mars 2020. Dans ce contexte de crise, l'épidémie du Covid 19 et l'explosion du port de Beyrouth en 2020 viennent aggraver la situation qui devient de plus en plus chaotique et qui affecte tous les secteurs financiers et économiques. Le secteur bancaire, le pilier de l'économie libanaise fut le plus touché, les dépôts en dollars sont extradés hors du Liban, et l'économie libanaise se retrouve dans une pénurie de dollar et n'arrive plus à rembourser ses dettes. Les banques libanaises imposent alors des restrictions agressives touchant les transferts à l'étranger et les retraits bancaires en dollars. Ces restrictions paralysent les entreprises et les sociétés libanaises qui n'arrivent plus à gérer leurs activités et à payer leurs fournisseurs. Les investisseurs perdent tout intérêt d'investir au Liban car tout investissement s'avère extrêmement risqué dans cette situation précaire et instable. Les particuliers essaient de survivre à cette crise mais le taux de pauvreté ne fait qu'augmenter, la classe moyenne disparait et on observe une grande migration de l'élite intellectuelle qui se tourne vers un avenir meilleur. La Banque du Liban a tenté, en dépit de l'immobilisme politique de prendre des décisions pour retarder l'effondrement total. Cependant, il est certain que ces décisions insuffisantes n'ont pas été à la hauteur de la crise monétaire, bancaire et financière. Face à l'inertie des banques, les déposants se sont retournés vers la justice libanaise pour présenter des recours devant les tribunaux pour demander l'exécution réelle et forcée du contrat les liant à leurs banques ainsi que des dommages et intérêts. Les juridictions libanaises ont été ainsi submergées par les dossiers où les débiteurs essaient de régler leurs dettes en dollar en fonction du taux officiel du dollar et non pas sa valeur réelle dans le marché noir. De nombreuses lois ont été adoptées, ainsi que des projets de lois tels que la loi n 318 du 20 avril 2001 concernant la lutte contre le blanchiment de capitaux, la loi n 175 du 08/05/2020 relative à la lutte contre la corruption dans le secteur public et à la création d'une Commission nationale pour la lutte contre la corruption. Cependant, les mesures prises n'ont pas été suffisantes pour redresser la situation. Le Liban doit réformer tout son système monétaire, recapitaliser les banques, et unifier les taux de change. Pour cela, il est primordial de lutter contre la corruption, d'adopter une politique de transparence, de mettre en place un contrôle formel des capitaux et de réduire les dépenses du gouvernement.