Biais cognitifs dans les décisions de justice
Auteur / Autrice : | Mathias Adjaout-Ponsard |
Direction : | Nicolas Molfessis |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences politique |
Date : | Inscription en doctorat le 20/11/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris-Panthéon-Assas |
Ecole(s) doctorale(s) : | Histoire du droit, philosophie du droit et sociologie du droit |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de sociologie juridique |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Initialement rattachés au domaine de la psychologie cognitive, les heuristiques et biais cognitifs sont des concepts qui ont été utilisés par les psychologues Amos Tversky et Daniel Kahneman afin de proposer un modèle de rationalité limitée de la pensée humaine. Ce modèle considère que les individus ne prendraient pas toujours leurs décisions de manière rationnelle, des heuristiques étant à l'origine de ces irrationalités. En effet, les travaux de ces psychologues suggèrent qu'en situation d'incertitude, la pensée humaine, inconsciemment, recourrait à des raccourcis cognitifs simplifiant des jugements complexes. Ces raccourcis nécessitent des opérations mentales intuitives, rapides et automatiques appelées heuristiques. En d'autres termes, ce sont des règles qui permettent de simplifier les processus d'estimation de probabilités et de prédiction des valeurs. Généralement, le recours à de telles règles s'avère judicieux et parvient rapidement à une estimation d'une étonnante précision. Néanmoins, dans certaines situations, une mauvaise utilisation de ces règles inconscientes aboutit systématiquement à des erreurs dans le traitement de l'information. Ces erreurs sont appelées biais cognitifs. Ainsi, dans certains cas, en voulant simplifier une décision, la pensée humaine aboutit à une distorsion dans le traitement des informations par rapport à la réalité. Très vite, de telles conclusions ont nourri des réflexions quant aux juges qui, pourtant érigés en monolithes de rationalité, n'en demeurent pas moins des humains et, ce faisant, des sujets susceptibles de voir survenir des biais cognitifs lors de leurs décisions. A cet égard, bien qu'omniprésente aux États-Unis depuis plusieurs décennies, et dans une moindre mesure en Europe, l'étude des prises de décisions judiciaires sous le prisme des biais cognitifs demeure quasiment inexistante en France. Pourtant, une telle grille de lecture a permis d'observer la survenance systématique d'irrationalités dans le comportement judiciaire tout en fournissant des pistes permettant de lutter contre ces phénomènes. Dès lors, il est question ici, en puisant dans une littérature internationale, et après avoir établi un matériel d'analyse se fondant en partie sur des études ayant déjà mis en exergue la survenance de tels biais dans les décisions de justice, de démontrer que le juge français n'échappe pas à ces phénomènes, tout en proposant des axes pouvant l'aider dans sa quête de rationalité.