Thèse en cours

Analyse intersectionnelle de la marginalisation des minorités dans le système universitaire américain - Étude de cas sur le Minnesota.

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Auteur / Autrice : Lucas Godillon
Direction : Cécile Coquet-mokoko
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire
Date : Inscription en doctorat le 01/11/2024
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Sociales et Humanités
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines
Référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines

Résumé

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Ce travail de recherche propose une analyse intersectionnelle de la marginalisation et des stratégies d'adaptations des minorités racialisées au sein du système universitaire américain, avec un accent particulier sur la région du Midwest à partir des années 1970. L'objectif est d'explorer les formes systématiques d'inégalités qui caractérisent ce système universitaire, tout en tenant compte des spécificités au sein de différentes communautés. Cette recherche adopte une perspective intersectionnelle parce qu'elle explore comment les identités de genre et raciales s'entremêlent et influencent les expériences des individus dans les établissements d'enseignement supérieur aux États-Unis, ainsi que les obstacles croisés auxquels sont confrontés les étudiants et étudiantes afro-américain.e.s au sein de ce système. Ce travail analysera comment, à travers les politiques des institutions ainsi que les structures sociales du Midwest et, plus particulièrement, du Minnesota, les structures politiques des universités et les stéréotypes de genre et de race peuvent renforcer ou atténuer les inégalités ; cette proposition de recherche fournira un examen minutieux de ces dynamiques. Le Minnesota, en tant qu'État modèle pour la justice sociale, a joué un rôle crucial dans le mouvement des droits civiques. H. Humphrey, un important défenseur des droits civiques, a conduit des initiatives qui ont mené à la promulgation de lois contre la ségrégation dans le logement et l'emploi en 1955, étant l'une des premières de ce type aux États-Unis. Bien que le système universitaire est souvent perçu comme un bastion d'égalité, cependant, malgré ces progrès, les Afro-Américains continuent de faire face à des défis systémiques. Cette situation a été considérablement aggravée par la décision de la Cour suprême des États-Unis qui a fortement réduit la discrimination positive dans les admissions à l'université, notamment sur le plan racial. L'analyse intersectionnelle est essentielle dans ce contexte, car elle permet d'explorer comment les différentes dimensions de l'identité – race, genre, sexe, classe sociale, religion – se chevauchent et influencent les relations de pouvoir au sein des institutions. Une telle approche souligne que les oppressions ne sont pas isolées, mais interconnectées et doivent être analysées dans leur complexité. Concernant les étudiants noirs, et en particulier les étudiantes noires du Midwest américain dans les années 1970, l'analyse intersectionnelle met en évidence le fait que ces individus sont soumis et sont aussi victimes de différentes formes d'oppression qui s'entremêlent mais qui sont toutes aussi répandues. Comme le reflète Audre Lorde, les normes sociales sont le canal important pour l'établissement de relations de pouvoir entre les individus sur la base de leur identification aux autres et de leur auto-identification. Les normes sociales jouent un rôle fondamental dans la dynamique de pouvoir, comme l'indique Audre Lorde. Ces normes, qui classifient les individus selon des idéaux normatifs, déterminent l'accès aux privilèges et contribuent en conséquence à la hiérarchisation des identités. L'analyse de cette approche des Afro-Américains du Minnesota, plus précisément en fonction du racisme structurel dans les universités, nous aide à percevoir les intersections complexes de la race, du genre et d'autres axes de dimensions de l'identité qui ont façonné leurs expériences, leur accès aux ressources académiques et leurs stratégies de résistance face aux systèmes d'oppression. Le projet met également en avant l'importance des politiques institutionnelles et des structures sociales dans le Midwest, particulièrement au Minnesota, qui peuvent soit renforcer, soit atténuer les inégalités. En relatant les témoignages des étudiant.e.s et des étudiantes noires, l'étude propose une analyse des stratégies de résistance et des mécanismes d'adaptation face à ces inégalités. L'accent mis sur les années 1970 est crucial, car cette période marque un tournant dans la lutte pour les droits civiques et l'accès à l'éducation pour les Afro-Américains. Les étudiants noirs, en particulier les femmes, ont été à la fois victimes de la discrimination et actrices de leur propre résistance. Ainsi, cette recherche vise à dévoiler non seulement les difficultés rencontrées, mais aussi les façons dont ces individus ont navigué dans un système qui leur était souvent hostile. Cette recherche propose une analyse approfondie de la marginalisation des minorités racialisées dans le système universitaire américain, en se concentrant sur le Midwest et en utilisant une approche intersectionnelle. Cela permet de mieux comprendre les dynamiques complexes de pouvoir et d'inégalité qui existent au sein des établissements d'enseignement supérieur, tout en mettant en lumière les luttes et les stratégies des étudiants noirs dans leur quête d'équité et de justice. Il est pertinent de voir comment les formations raciales contemporaines des XXe et XXIe siècles – y compris les manifestations de la suprématie blanche – façonnent les expériences vécues des communautés marginalisées du Minnesota, et comment les efforts de résistance locaux remettent en question ces formations aujourd'hui.