Thèse en cours

Le contrôle des exportations par voie intangible dans le secteur nucléaire

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Auteur / Autrice : Alix Quersonnier
Direction : Francesco Martucci
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit public
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2024
Etablissement(s) : Université Paris-Panthéon-Assas
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de droit international, droit européen, relations internationales et droit comparé (Paris ; 1992-....)

Résumé

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La déclaration relative au triplement de la production d'énergie nucléaire signée au cours de la Conférence des Parties (COP) 28 par vingt-deux pays dont la France et les États-Unis reconnaît « le rôle essentiel joué par l'énergie nucléaire dans les efforts pour parvenir, au niveau mondial à zéro émission nette de gaz à effet de serre ... d'ici au milieu du siècle environ ... ». Elle intervient dans un contexte où le secteur nucléaire connaît un renouveau inédit. En l'espèce, de nombreux États ont annoncé l'augmentation de leurs capacités nucléaires et les projets d'innovation sont multiples. Cela préfigure un échange exacerbé des savoir-faire essentiels à l'amélioration de l'approvisionnement en énergie. De tels transferts devront être réalisés « dans le respect des normes les plus strictes en matière … de non-prolifération » (Déclaration relative au triplement de la production d'énergie nucléaire) car, si l'énergie nucléaire contribue à la « prospérité du monde entier » (Statut de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Article II), elle est aussi le vecteur de l'acquisition par les États de l'arme nucléaire et, de sa prolifération qui « constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales » (Résolution 1540 (2004) adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies). Le contrôle des exportations vise précisément à prévenir le risque de prolifération par le contrôle des transferts des biens et technologies à double usage. Les dispositifs nationaux héritent des régimes multilatéraux de contrôle des exportations, tels que l'Arrangement de Wassenaar, le Groupe des fournisseurs nucléaires ou le Groupe Australie qui sont des groupes rassemblant plusieurs États. Ces derniers s'appuient sur les listes non contraignantes des groupes pour intégrer, selon une typologie législative et réglementaire variable, dans leurs dispositions nationales le contrôle export vers des pays tiers de produits soumis au contrôle, dont les matières, les installations et les équipements nucléaires, la technologie nucléaire qui comprend les informations techniques, l'assistance technique, le savoir-faire, et le logiciel nucléaire. Parmi ces produits, la technologie et le logiciel peuvent être exportés par voie intangible et nous pourrions même oser affirmer que le savoir-faire est un bien intangible car il se transmet par une personne physique oralement. L'interprétation des termes généraux employés pour définir ces produits, l'incertitude quant au régime applicable à la fourniture d'assistance technique qui jouit de dispositions spécifiques tout en étant aussi contrôlée au titre du régime applicable à la technologie, ou encore les transferts industriels de propriété intellectuelle interrogent d'autant que les produits du secteur nucléaire peuvent faire l'objet de dispositions nationales spécifiques. Par ailleurs, le contrôle des exportations par voie intangible dans le secteur nucléaire représente un enjeu particulier car (i) elles sont par nature difficiles à contrôler, ne faisant pas l’objet de contrôles douaniers comme les flux physiques, (ii) elles peuvent impliquer la limitation de la mobilité d'une personne physique, (iii) leur exportation est souvent irréversible ; il est très difficile de contrôler leur réexportation, (iv) elles interagissent les unes avec les autres dans le cadre d'échanges multilatéraux emportant un risque d'assujettissement progressif des actifs nationaux à une réglementation de contrôle export étrangère. L'exposition des entreprises à un risque de contamination et les moyens juridiques et opérationnels dont elles disposent pour les limiter sont au cœur de leur questionnement. Par une analyse comparée des dispositions nationales des États-Unis et celles de l'Union européenne telles que mises en œuvre par la France le projet de recherche se propose d'examiner l'efficience des dispositifs nationaux de contrôle export par voie intangible applicables au secteur nucléaire confrontés aux échanges industriels.