Thèse en cours

Le role de l'institution judicaire dans l'effectivité du droit de l'environnement au Mali et en France

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Auteur / Autrice : Idrissa Toure
Direction : Caroline Foulquier
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit mention Droit public
Date : Inscription en doctorat le 01/02/2025
Etablissement(s) : Limoges
Ecole(s) doctorale(s) : Gouvernance des Institutions et des Organisations
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Observatoire des Mutations Institutionnelles et Juridiques

Résumé

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La nécessité d'une prise en compte de l'environnement à l'échelle mondiale a précédé la vogue contemporaine du concept de mondialisation. Dès la conférence de Stockholm en 1972 puis avec la conférence de Rio en 1992 réaffirmée dans « l'avenir que nous voulons » en 2012 à la conférence de Rio + 20, les Nations Unies ont clairement mis en évidence le caractère universel des problèmes d'environnement à la fois dans leur expression scientifique et dans les remèdes à mettre en place, d'où l'émergence d'un droit de l'environnement. Il suffit d'évoquer la pollution des mers, les pluies acides, la couche d'ozone, le changement climatique, la perte de biodiversité, les risques nucléaires et les pesticides pour admettre que si l'interdépendance est le critère de la mondialisation ; au cœur de celle-ci se trouve en bonne place l'environnement. La déclaration de Rio de 1992 proclame d'ailleurs dans son préambule que « la terre, foyer de l'humanité constitue un tout marqué par l'interdépendance ». Le droit de l'environnement repose sur de grands principes juridiques. Ils résultent soit du droit international conventionnel ou coutumier, soit du droit national à travers les constitutions ou les lois cadre sur l'environnement. Depuis Stockholm (1972), l'Acte unique européen (1985), le traité de Maastricht et Rio (1992), on assiste à une extension de ce que KANT appelait le droit cosmopolitique. Il y a désormais des principes communs aux peuples de la planète, expression d'une solidarité mondiale due à la globalité des problèmes d'environnement. Cela conduit, selon le préambule de la Déclaration de Rio, à instaurer “ un partenariat mondial sur une base nouvelle ” en reconnaissant que “ la terre, foyer de l'humanité, constitue un tout marqué par l'interdépendance ”. Il n'est donc pas étonnant que les principes du droit malien de l'environnement soient fortement inspirés des principes du droit communautaire et du droit international. Bien qu'il soit difficile d'identifier et de classer les principes généraux, certains d'entre eux expriment des vœux ou des objectifs, d'autres constituent de véritables normes juridiques. Les uns et les autres, une fois consacrés juridiquement soit dans des traités, soit dans des lois, sont susceptibles d'entraîner des effets juridiques en s'imposant aux comportements tant des personnes publiques que privées et servent de normes générales de référence aux juges. L'avènement de l'ère démocratique des années 1990 en Afrique a conduit beaucoup de pays africains a intégré dans leur système de gouvernance la participation des citoyens à la prise de décision concernant leur milieu de vie. L'environnement, étant un élément important du cadre de vie de la population, a été retenu comme élément de droit reconnu à tous et sa protection, un devoir qui incombe à tout citoyen. Ce principe est consacré par l'article 15 de la constitution malienne du 25 février 1992, en ces termes « Toute personne a droit à un environnement sain. La protection, la défense de l'environnement et la promotion de la qualité de la vie sont un devoir pour tous et pour l'Etat ». Dans le même sens, l'article 3 de la Charte des Droits de l'homme et l'article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ont proclamé le droit intangible de tout homme à la vie et à un milieu de vie sain. En effet, pour définir le droit de l'environnement, il faudrait d'abord définir ce que c'est que l'environnement. Le Petit Robert définit, l'environnement comme « l'ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) dans lesquelles les organismes vivants (en particulier l'homme) se développent ». Albert Einstein disait que : « l'Environnement est tout ce qui n'est pas moi ». De façon général, l'environnement désigne l'ensemble de l'air, l'eau, le sol, les ressources naturelles, la faune et la flore, le paysage. C'est pourquoi, nous pouvons considérer que le droit de l'environnement regroupe l'ensemble de règles qui organisent la totalité de ces éléments qui nous entourent. Ainsi, le droit de l'environnement peut être défini comme l'ensemble des règles juridiques qui ont pour objectif de garantir le droit de chaque personne à un environnement sain et équilibré. En somme, ce droit a pour but d'empêcher, de supprimer ou de limiter les impacts négatifs ou dangereux des activités humaines sur les éléments et les milieux naturels. Le droit de l'environnement compte plusieurs principes fondamentaux parmi lesquels on peut citer : le principe de précaution et le principe de prévention, le principe du pollueur-payeur, le principe de l'information et de participation du public et de non-régression etc. Certains principes du droit de l'environnement se situent en amont et d'autres en aval de la protection de l'environnement et jouent un rôle majeur dans les politiques environnementales. Les principes en amont sont entre autres l'évaluation des activités pouvant avoir des effets nocifs sur l'environnement, par exemple : le principe de précaution et celui de prévention. Ceux-là se situant en aval, sont la notification des situations critiques notamment l'information, la coopération transfrontière en cas d'accident industriel, le devoir d'assistance écologique pour les États sinistrés, la responsabilité pour dommages causés à l'environnement et le principe du « pollueur-payeur ». Ils ont à la fois une fonction d'anticipation pour certains, une fonction de réparation pour d'autres et, dans certains cas, une fonction hybride c'est-à-dire qui remplissement les deux fonctions d'anticipation et réparation, lorsqu'ils sont applicables en amont et en aval. Le principe de prévention est étroitement lié à celui de participation et d'information, car il nécessite l'implication des différentes parties prenantes, notamment les populations concernées par le projet, pour la réalisation des consultations et audiences publiques. Ceci étant rappelé, notre analyse portera sur le comment l'institution judiciaire s'est saisie effectivement de la protection de l'environnement par le droit aussi bien au Mali qu'en France. En effet le droit n'est le moteur des politiques environnementales que lorsqu'il est effectivement et correctement appliqué par l'institution judicaire. La seule légifération des normes environnementales ne suffit pas à endiguer les dégradations et atteintes observées. La force du droit en tant qu'instrument de protection de l'environnement vient de son application, toute chose revenant, non exclusivement, à l'institution judiciaire. Nul ne s'astreindrait par exemple à l'étude d'impact environnemental si, au-delà du fait qu'une norme juridique la rendait obligatoire, cette prescription n'était pas suivie d'effet sanctionnateur, en cas d'inobservation, devant l'institution judiciaire. On peut en dire autant de l'interdiction de chasse, d'exploitation abusive des forêts, de la lutte contre les pollutions, les nuisances, la protection des espèces en voie de disparition, de la conservation des ressources naturelles etc. Le droit de l'environnement n'est alors autant effectif que dans la conscience chez l'auteur d'une quelconque atteinte que celle-ci serait suivie d'effet devant l'institution judiciaire. De ce fait, l'institution judiciaire joue à la fois un rôle préventif, dissuasif et curatif par la mise en œuvre effective du droit de l'environnement. Il lui revient par ses actions de rappeler à chacun (administration publique, collectivités, particuliers etc.) ses responsabilités dans la protection ou la préservation de l'environnement, gage d'un cadre de vie meilleur. L'institution judiciaire norme, par application du droit, le comportement des acteurs sociaux vis-à-vis de l'environnement. Pour une meilleure appropriation de notre analyse, une première approche fera ressortir les obligations de l'institution judiciaire dans l'effectivité protectrice du droit de l'environnement et dans une approche secondaire, on tentera d'évoquer la responsabilité des acteurs judiciaires dans la mise en œuvre effective du droit de l'environnement au Mali et en France ; responsabilités s'entendant ici de ce qu'ils encourent, s'ils ne s'assumaient pas.