Le rôle de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme dans la préservation de la sécurité internationale
Auteur / Autrice : | Elizaveta Churilina |
Direction : | Sébastien Touzé |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit public |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris-Panthéon-Assas |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de droit international, droit européen, relations internationales et droit comparé (Paris) |
Résumé
Le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive constituent des crimes aux répercussions internationales multidimensionnelles. Dans un monde toujours plus interconnecté, les dommages causés par ces crimes menacent l'intégrité et la stabilité du système financier, l’économie globale et, plus largement, la sécurité internationale. Des politiques et des mesures efficaces de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme sont donc essentielles à la préservation de cette intégrité et de cette stabilité à l'échelle mondiale. Les efforts internationaux pour lutter contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme ont débuté en 1989, d'abord par l'adoption de divers instruments visant à combattre le trafic de drogue et la criminalité organisée, notamment la Convention de Vienne des Nations Unies, puis par la création du Groupe d'action financière (GAFI) lors du sommet du G7 tenu à Paris en juillet de la même année. À l'origine, le GAFI avait pour mission d'élaborer des recommandations non contraignantes à destination des États sur les mesures de lutte contre le blanchiment d'argent, d'examiner les tendances et les méthodes utilisées par les criminels, ainsi que de suivre les efforts nationaux en matière de lutte et de prévention des flux financiers illicites. À la suite des attentats du 11 septembre 2001, le mandat du GAFI a été étendu pour inclure la lutte contre le financement du terrorisme, et plus tard, contre la prolifération des armes de destruction massive. La portée géographique du système de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme s'est également élargie au fil du temps. Cela s’est d’abord traduit par l’élargissement du nombre de membres du GAFI, puis par la création d’organismes régionaux de type GAFI, opérant dans le cadre d’instruments contraignants des Nations Unies, tels que la Convention de Vienne, la Convention sur le financement du terrorisme, la Convention de Palerme, la Convention des Nations Unies contre la corruption, ainsi que des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptées en vertu des résolutions 1267 (1999), 1373 (2001), 1540 (2003) et 2325 (2016). À cela s’ajoutent des mesures de droit « souple » sous forme de recommandations du GAFI, axées sur la lutte contre et la prévention du blanchiment d’argent, des infractions sous-jacentes et du financement du terrorisme. Ainsi, le système actuel de Lutte contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme (LBC/FT) constitue un réseau complexe d'organisations et d'organismes internationaux, dirigé par le GAFI – entité technique dotée d'un statut juridique contestable. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un organe des Nations Unies, le GAFI est habilité à examiner la conformité des États, non seulement avec ses propres Recommandations, mais également avec les conventions des Nations Unies mentionnées plus haut ainsi qu'avec les résolutions contraignantes du Conseil de sécurité. Il est aussi chargé d'établir les ''listes noire et grise'' des États qui ne respectent pas les recommandations et exigences pertinentes. Selon un rapport du FMI de 2021, l'inscription sur la « liste grise » peut entraîner une baisse de 7,8 % du produit intérieur brut des pays concernés. Par ailleurs, la nature « souple » des recommandations du GAFI a parfois conduit à des restrictions disproportionnées et abusives, adoptées par les États au nom de la sécurité financière et économique. Au regard de ce qui précède, cette étude se concentre sur la conformité et la cohérence de l'architecture et des mesures existantes de LBC/FT avec les normes du droit international, ainsi que sur l'impact pratique de ces mesures visant à garantir l'intégrité et la stabilité du système financier, l’économie globale et la sécurité internationale.