La pratique des opinions séparées par les juridictions françaises Réflexion critique sur l’évolution de la motivation des décisions de justice
Auteur / Autrice : | Fanny Barnes-Amate |
Direction : | Lucie Mayer |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit privé |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris-Panthéon-Assas |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de droit privé (Paris ; 1992-....) |
Résumé
Les décisions de justice ont souvent été critiquées pour leur contenu obscur et lapidaire. En effet, alors que l’ancienne méthode de rédaction était caractérisée par un impératif de brièveté conférant une plus grande force au texte de loi, elle fait progressivement l’objet de critiques face à la diversification de la pratique des tribunaux et à l’émergence du débat sur la manœuvre du juge dans l’application du droit. Il est reproché aux magistrats de rédiger des décisions incohérentes voire illisibles, au détriment de force pédagogique et de clarté. Pour répondre à de telles critiques, le législateur a engagé un certain nombre de réformes consacrées au renouvellement de la motivation des décisions de justice. L’abandon des considérants par le Conseil constitution et la motivation enrichie par le Conseil d’État puis par la Cour de cassation ont été une première réponse à l’inintelligibilité des décisions de justice. Néanmoins, une partie de la doctrine continue de déplorer l’absence de changements de méthode de raisonnement des juridictions et souhaiterait engager de nouveaux efforts dans la manière de motiver. Alors que certains systèmes juridiques ont choisi de transposer la pratique des opinions séparées, premièrement née aux États-Unis, comme outil au service de cet objectif, la France refuse traditionnellement de recourir à un tel mécanisme. Il leur est opposé des principes fondateurs de notre système juridique – à savoir le secret du délibéré et l’anonymisation des décisions – ou des critiques relatives à l’affaiblissement de l’autorité de la cour. La présente étude se propose d’offrir un regard critique sur la potentielle transposition en France des opinions séparées tel que le suggère la Cour de cassation, dans son rapport Cour de cassation 2030. Si les systèmes juridiques qui autorisent leur publication font état de véritables effets sur la qualité de la motivation des décisions de justice, il conviendra d’explorer si ces potentialités peuvent être conciliées avec la tradition juridique française, notamment sous quelles garanties et à quels risques pour assurer une adaptation raisonnée et raisonnable de ce mécanisme. Le projet adoptera alors une réflexion panoramique. Il s’agira de prendre en considération l’ensemble des juridictions, à la fois civiles, administratives, pénales, constitutionnelles, mais aussi internationales et d’adopter une approche comparatiste. Sera adopté une démarche analytique, voire philosophique, avec le dessein d’explorer les fondations de la motivation en droit.