Mise à l'échelle d'un modèle de croissance des plantes supérieures, du niveau de la feuille à celui de la canopée, en gravité réduite
Auteur / Autrice : | Louise Fleischer |
Direction : | Jean pierre Fontaine |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Génie des procédés |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences pour l'Ingénieur |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Pascal |
Equipe de recherche : GePEB - Génie des Procédés, Energétique et Biosystèmes |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
L'exploration spatiale à long terme, comme l'exploration de la Lune ou de Mars, nécessite le développement d'un système de support de vie (LSS) efficace et robuste pour recycler l'atmosphère, l'eau et les déchets afin de garantir la survie de l'équipage. Selon certains plans de la NASA, au moins 15 % de la nourriture devrait être produite à bord pour des voyages prolongés. L'Agence Spatiale Européenne (ESA) développe le projet MELiSSA (Micro Ecological Life Support System Alternative) depuis plus de 35 ans. Ce projet concerne la culture de plantes supérieures, fortement influencée par les conditions environnementales (g, p, T, HR, flux d'air, pression partielle d'O2 ou de CO2). Des conditions de croissance optimales exigent un niveau élevé de contrôle et de gestion, nécessitant une compréhension approfondie des phénomènes clés et de leurs interactions avec l'environnement (comme la transpiration ou le transfert de masse). Le but de cette étude est d'améliorer et de valider le modèle physique mécaniste en cours de développement à l'Institut Pascal (département GePEB) pour prédire l'effet de la microgravité ou d'un environnement de gravité réduite sur la croissance des plantes à différents niveaux : morphologique, physico-chimique et biochimique. En effet, pendant la croissance, les phénomènes limitants sont principalement : (i) le transfert évapo-transpiratoire au niveau des feuilles, associé à la régulation de la température de surface des feuilles ; (ii) la migration de l'eau dans la plante (provenant du sol ou du milieu hydroponique après absorption par les racines) ; et (iii) les échanges de CO2/O2 produits lors de la photosynthèse. Ainsi, une approche mécaniste, multicouche et multiscalaire (en termes d'espace et de temps) est étudiée. Actuellement, le modèle MELiSSA pour les plantes supérieures est basé sur des bilans de masse et d'énergie au niveau d'une feuille unique, dans le but d'estimer les coefficients d'échange gazeux de transpiration KLa pour les conditions environnementales d'un habitat spatial. L'influence de la gravité a été introduite par L. Poulet (thèse CNES-CNRS 2018), prenant en compte les échanges gazeux altérés dus à l'absence ou à la faible convection libre en gravité réduite. Il en résulte une production de biomasse réduite attendue. La tendance générale du modèle s'est avérée cohérente avec certaines données expérimentales obtenues lors de vols paraboliques (Kitaya et al. 2001, 2006), mais une validation plus large est nécessaire. J. Kuzma (thèse CNES-ESA en cours) a développé un système de réplique de feuille spécifique pour la campagne parabolique VP175 (CNES, octobre 2023) afin de caractériser le flux évaporatif en phases transitoires et de valider le modèle. Plusieurs intensités de vitesse d'air sont étudiées, ainsi que l'inclinaison de la réplique par rapport au flux principal. Les répliques de feuilles sont étudiées pour mener des expériences purement physiques d'évaporation, afin d'éviter les problèmes biochimiques/biologiques concomitants ou les variations génétiques qui se développent pendant la croissance. L'objectif de cette thèse est de faire passer l'échelle du modèle du niveau de la feuille à celui de la canopée, pour développer une description basée sur les échanges de masse, de chaleur et d'énergie, plutôt que sur des modèles empiriques (qui ne sont pas développés pour des environnements fermés ou spatiaux). Les échanges de masse (carbone, gaz) et de chaleur dépendent fortement de l'épaisseur de la couche limite de la feuille et de la canopée, laquelle dépend des mouvements d'air, et donc de la convection forcée et libre, qui résulte des forces de flottabilité et donc de la gravité. Pour ce passage à l'échelle, il sera fondamental de déterminer les interactions avec l'environnement, car il ne s'agit généralement pas d'une simple somme des interactions individuelles des feuilles, mais d'une intégration non linéaire. Par exemple, chaque feuille affecte significativement son environnement en modifiant localement la vitesse du vent, l'irradiance ou l'humidité relative locale. L'accent sera mis sur le changement d'échelle d'un ordre de grandeur en taille de notre système de réplique, passant d'une feuille carrée de 5 cm à une canopée carrée de 50 cm dans un environnement contrôlé. Plusieurs formes de feuilles doivent être étudiées : carré, triangle ou cercle. Deux ''couches de feuilles'' pourraient être envisagées pour étudier l'interaction entre le sous-étage et la canopée, et différents angles (-30 à +30 degrés, cf Kuzma 2023). Le flux d'air devra être varié de 0 à 1,5 m/s dans des conditions standards : température ambiante de 20°C et humidité moyenne de 70 %. L'objectif initial sera de développer un modèle CFD pour simuler le transfert de chaleur et de masse couplé, basé sur la résolution des équations 3D de Navier-Stokes et de l'énergie avec le logiciel Phoenics. Le niveau d'humidité pourrait être représenté par l'ajout d'une équation de conservation de la concentration en eau, pour représenter la modification du niveau local d'HR par une feuille individuelle et le profil d'HR dans la canopée. Le flux évaporatif sera simulé comme un terme source sur la face inférieure des feuilles, car les stomates (pores de 50 μm pour la transpiration des plantes) sont principalement situés en dessous. La simulation se concentrera sur des cas spécifiques et limites, comme (i) la gravité 0-g (ou 1/6 g, pour la Lune), 1-g ; (ii) l'intensité du flux d'air ; (iii) la configuration géométrique de la canopée. Le second objectif sera de développer un banc d'essai correspondant aux cas optimaux et de les tester lors de campagnes de vols paraboliques pour valider les résultats numériques.