Dans l'Ombre de Dionysos : Musique de rue et recomposition du lien social contemporain
Auteur / Autrice : | Céline Nguyen-bédu |
Direction : | Philippe Joron, Fabio La rocca |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2024 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier Paul-Valéry |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LEIRIS - Laboratoire d'Études Interdisciplinaires sur le Réel et les Imaginaires Sociaux |
Mots clés
Résumé
Ce projet de thèse explore les espaces festifs nocturnes animés par la musique de rue, en tant que lieux de transgression des normes sociales et de création collective. Il s'agit de mettre en lumière les communautés éphémères qui émergent au sein de ces moments festifs. Loin de n'être que de simples expressions de désordre, ces espaces fonctionnent comme de véritables laboratoires sociaux où les normes diurnes sont temporairement suspendues, permettant une libération tant individuelle que collective. En mobilisant la figure mythologique de Dionysos, cette étude met en avant la dynamique de l'excès et de l'abandon des conventions, dans l'objectif de comprendre comment ces moments cathartiques participent au rééquilibrage des tensions sociales. La musique est au cur de cette dynamique. Elle est langage universel et transcende les frontières sociales et culturelles, en favorisant les rencontres. La musique de rue crée une ambiance propice à la formation de « communitas » (V. Turner), des groupes spontanés où les hiérarchies et les rôles sociaux s'effacent. En s'appuyant sur les perspectives de Turner, Durkheim, Bataille, Maffesoli, ainsi que Foucault, la recherche s'intéresse à la manière dont les espaces festifs participent à la redéfinition des identités individuelles et collectives. L'objectif est de montrer comment ces moments festifs deviennent des lieux où se créent, se négocient et se renouvellent les normes sociales et les formes de lien communautaire, au-delà des dichotomies traditionnelles entre ordre et désordre. La méthodologie adoptée combine une ethnographie immersive, des entretiens semi-directifs, une analyse des styles musicaux présents, ainsi qu'une approche comparative des différents contextes culturels et géographiques. L'ethnographie immersive permet de plonger dans les environnements festifs pour saisir les dynamiques sociales, observer les comportements des participants en interaction directe avec la musique, et comprendre comment la fête contribue à la construction d'une réalité sociale partagée. Les entretiens semi-directifs recueillent les récits des participants sur leurs motivations, leurs expériences, et leur perception de la fête comme espace de transgression, de libération, et de recomposition du sens commun. L'analyse musicale, quant à elle, se concentre sur l'impact des genres musicaux sur l'ambiance, la formation des liens sociaux, et la manière dont ces genres participent à la co-construction de significations collectives dans l'espace festif. Enfin, l'approche comparative met en évidence la diversité des dynamiques festives selon les contextes, révélant les variations dans la construction de ces réalités sociales éphémères, en fonction des cultures. L'intérêt de cette thèse réside dans sa capacité à enrichir les théories sociologiques sur la sociabilité, la transgression et la liminalité. Elle propose une compréhension nuancée des espaces festifs nocturnes en tant que moments de recomposition sociale, où l'abandon des normes permet une régénération des liens communautaires et une exploration des identités. Ce travail s'appuie sur des références classiques et contemporaines afin d'apporter un éclairage renouvelé sur la fête comme espace d'expérimentation et de résilience collective, mettant en évidence le rôle central de la musique dans la transformation sociale et la construction du vivre-ensemble.